La chaîne de production et de mise sur le marché des médicaments est largement gangrenée par des logiques de profit, fondamentalement les mêmes que celles qui ont conduit au scandale de la viande de cheval il y a quelques mois.
Fin de semaine dernière, l’Agence européenne du médicament a demandé la « suspension » de commercialisation de plusieurs dizaines de médicaments génériques en Europe suite à des « manipulations » de données par une société indienne chargée d’en certifier la qualité. La recommandation s’appuie sur les résultats d’une inspection remettant en cause la façon dont la société GVK Biosciences conduisait les études nécessaires à l’obtention des autorisations de mise sur le marché de ces médicaments pour le compte des fabricants, explique l’Agence européenne dans un communiqué.
Cette demande de suspension découle d’une inspection réalisée par l’Agence française du médicament sur le site de la société GVK à Hyderabad en Inde. L’inspection a révélé des manipulations de données d’électrocardiogrammes durant la conduite d’études dites de bioéquivalence destinées à garantir que l’action thérapeutique d’un médicament générique est identique à celle du médicament de référence. Au total, jusqu’à près de 700 génériques pourraient être concernés par cette suspension.
Ce sera à chacun des pays membres de l’UE d’apprécier les situations particulières. En France, l’ANSM a suspendu dès décembre la commercialisation de 25 médicaments génériques (dont certains contenant de l’ibuprofène). À cette liste, l’agence française a ajouté vendredi 25 janvier huit autres médicaments.
Les constatations faites ne signifient pas que les médicaments en question sont dangereux, mais elles jettent une lumière crue sur des chaînes de sous-traitance gouvernées par le profit : faire tester des médicaments en Inde, c’est bien sûr moins cher ! Économies d’un côté, profits faramineux de l’autre, oui l’industrie du médicament est bien malade. Il faut en finir avec l’emprise des intérêts privés, ça urge !