Quand Firmin Le Bodo rime avec cadeaux et profits des labos, on a envie de se souvenir d’un slogan publicitaire (que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître) : « Y a de l’Urgo dans l’air, y a de l’air dans Urgo ! ». Les capitalistes sont en effet gonflés de venir faire la morale !
Alors qu’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, a eu la décence de quitter le gouvernement après l’adoption de la loi immigration, il a été immédiatement remplacé, pour assurer l’intérim, par Agnès Firmin Le Bodo, jusqu’alors ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé.
Le jour même, Mediapart révélait que la ministre, pharmacienne de profession, était l’objet d’une enquête. Elle est soupçonnée d’avoir reçu entre 2015 à 2020 pour plus de 20 000 euros de cadeaux de la part du laboratoire Urgo : bouteilles et magnum de Champagne Taittinger, montres de luxe (Omega, Apple Watch et Longines), iPhones ainsi qu’un téléviseur Samsung, une ménagère 24 pièces ou encore une cocotte Le Creuset ! Ce qui représente 4 000 euros par an non déclarés. Plus que de belles étrennes !
Des ristournes, des cadeaux, des profits… et moins d’argent pour les finances publiques
Mme Firmin Le Bodo a été ainsi une bénéficiaire privilégiée de pratiques qui auraient touché selon Mediapart un tiers des pharmacies d’officine. Urgo remboursait sous forme de cadeaux les ristournes (de l’ordre de 50 %) sur les commandes faites par les pharmaciens.
Le laboratoire en tirait un double avantage : il augmentait le volume des commandes (et donc des profits) en y intéressant les pharmaciens ; il rendait plus opaque le niveau des rabais accordés et donc le montant de ses marges. Celles-ci doivent être élevées pour octroyer 50 % de réduction sans perdre d’argent !
Une dissimulation bien utile pour négocier des remboursements élevés des produits Urgo par la Sécurité sociale.
Les cadeaux n’étant pas déclarés par les pharmaciens, il en découle par ailleurs un manque à gagner pour les finances publiques. Mediapart avance la somme de 55 millions d’euros sur la période 2015-2021.
Conflits d’intérêts privés et système public de santé détruit
Mme Firmin Le Bodo qui, a en tant que députée, participé aux discussions parlementaires sur ces questions aura du mal à faire croire à sa bonne foi ou sa « naïveté », d’autant plus qu’Urgo « plaide coupable » et reconnaît la fraude.
Avec cette nouvelle affaire au sommet de l’État, la « République irréprochable » annoncée par Macron patauge un peu plus dans les scandales et conflits d’intérêt, et ça fait bobo !
La ministre doit partir ! Ce départ ne réglera pas pour autant l’essentiel. En cinq ans, cinq ministres de la Santé se sont succédé, et la crise du système de santé n’a fait que s’aggraver. L’hôpital est en cours de destruction, faute de moyens ; les déserts médicaux s’étendent ; les personnels sont à bout.
Les choix politiques de Macron nous mène dans le mur. Ce n’est pas seulement de ministre, mais de politique qu’il faut changer en faisant de la santé une priorité, pour la population et non pour les intérêts privés de quelques-uns. Qui se fichent de contourner les règles, ils ont l’argent pour payer !