Il ne viendrait à personne l’idée de qualifier Paris de désert médical. Et pourtant le contraste entre les beaux quartiers de l’ouest et les quartiers populaires est saisissant. Et ces inégalités risquent fort de s’amplifier quand on sait que la moitié des généralistes prendront leur retraite dans les cinq prochaines années.
Paris est champion des dépassements d’honoraires et va le rester si la démolition des centres de santé qui proposent un accès aux soins dans le secteur 1 continue de sévir.
Prédateur médical
C’est tout l’enjeu d’une bataille qui se déroule dans le 13e arrondissement parisien autour du maintien du centre de santé du Moulinet. La popularité de cet établissement qui propose, outre les généralistes et les dentistes, des praticiens dans une dizaine de spécialités est incontestable : plus de 100 000 actes pour l’année 2022.
Où est le problème ? Quand la mutuelle qui gérait Moulinet a décidé d’abandonner ce que l’on peut considérer honnêtement comme un véritable service public de la santé de proximité, Moulinet est tombé dans les filets d’un prédateur, une sorte de Tapie du secteur médical. À la tête d’un groupe dénommé « Avec mon centre de santé » mais qui a d’innombrables ramifications, il achète et revend, ré-achète et liquide… de Grenoble à Marseille, du Cotentin à la région parisienne, accumulant les impayés de cotisations à l’Urssaf ou sur les salaires des personnels.
Un collectif d’usagerEs en défense des services publics
C’est ainsi que le sort du centre de santé du Moulinet va être en débat au tribunal judiciaire de Créteil le 8 février prochain. Nous avons alerté personnel et usagers bien auparavant. Qui nous ? Un collectif d’usagerEs a pu être crée grâce à l’existence dans l’arrondissement d’un collectif unitaire de défense des services publics, très actif, notamment lors de la bataille sur les retraites. Ce collectif regroupe des dizaines de personnes qui participent selon leurs possibilités, il est soutenu par des forces associatives, syndicales et politiques du 13e arrondissement. Dont le comité NPA.
Les différentes actions menées depuis plusieurs mois ont permis d’alerter largement et de populariser quelques propositions pour maintenir l’activité. L’une d’elle va devenir prioritaire car elle garantirait le caractère de service public de Moulinet : la municipalisation.
Elle s’impose comme une évidence pour éviter les constructions bancales qui feraient retomber l’équipement sous la coupe d’un autre prédateur.
Nous avons donc demandé à la municipalité de se positionner. Si celle-ci a repris nos arguments en faveur du centre de santé, elle évite pour l’instant d’aborder un débat sur cette question. L’heure est donc au débat public et à l’intervention citoyenne. Bref à la construction d’un rapport de force pour être plus concret !