Parmi les mauvaises surprises de ce début d’année figurent les hausses massives des tarifs de mutuelles et assurances complémentaires santé. Elles grèvent un peu plus un pouvoir d’achat déjà fortement entamé par l’inflation sur les produits de première nécessité (alimentation, énergie, transports...).
Selon la Mutualité française, ces hausses (certainement sous-estimées), seraient, en moyenne, de 8,1 % et pourraient atteindre 12,5 % pour certains contrats. C’est plus du double de l’inflation prévue. Ces augmentations s’ajoutent à celle de l’année précédente estimée, selon la même source, à près de 5 %.
Selon une enquête de l’association de consommateurs UFC-Que choisir les tarifs des complémentaires santé avaient augmenté de 47 % entre 2006 et 2017, passant, en moyenne, de 468 euros à 688 euros par personne soit 3 fois l’inflation (14 %). Cette hausse continue touche en particulier les retraitéEs, dont le budget santé prélevé sur des retraites insuffisantes pèse de plus en plus lourd.
Politiques libérales depuis la réforme Juppé de 1995
La santé, l’un des biens fondamentaux auxquels chacunE devrait pouvoir accéder, sans discrimination, pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages. Avoir une « bonne mutuelle » est devenu une condition nécessaire pour un réel accès aux soins. Pourtant, 5 % de la population n’a pas d’assurance complémentaire, et parmi les autres, beaucoup sont financièrement contraintEs de « choisir » les contrats les moins chers avec une couverture médiocre, ce qui renforce les inégalités de santé.
L’explosion des tarifs des mutuelles est la conséquence directe des politiques libérales, menées par tous les gouvernements depuis la réforme Juppé de 1995. Au nom d’un prétendu « déficit » créé de toutes pièces par les exonérations de cotisations patronales (75 milliards), ce sont les malades qui doivent payer une partie croissante de leurs soins, soit directement (franchises) soit par l’augmentation de leurs mutuelles.
La « face obscure » du 100 % santé, mirage d’une fausse gratuité
Depuis son élection en 2017, Macron a poursuivi ces contre-réformes. Le « 100 % santé », souvent présenté comme une des grandes mesures « sociales » du macronisme permet, certes, le remboursement intégral des modèles les moins chers de lunettes et prothèses dentaires et auditives. Mais cette apparente « gratuité » est en réalité largement financée par les complémentaires santé et donc par la hausse de leurs tarifs, tout comme le sont les dépassements d’honoraires et autres forfaits non pris en charge par la Sécurité sociale.
Cela contribue au basculement d’un système public dans lequel chacunE peut se soigner selon ses besoins à un système assurantiel où l’on se soigne selon ses revenus.
Les nominations dans le gouvernement Attal de la sarkozyste Catherine Vautrin en tant que ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et de l’ultralibérale Agnès Pannier-Runacher en tant que ministre déléguée à la Santé augurent d’une accélération de la privatisation et de la marchandisation du système de santé. Elles ne font que donner plus d’actualité au combat unitaire pour le « 100 % Sécu » c’est-à-dire au remboursement intégral des soins par une sécurité sociale financée intégralement par les cotisations dites « patronales » et gérée par les assuréEs sociaux.