Les propos de Macron contre les non-vaccinés, qu’il veut « emmerder », ont un but. Au moment ou il va annoncer sa candidature à la présidentielle, ils permettent de faire diversion face à son bilan catastrophique de la crise sanitaire et, au-delà, de la politique de santé désastreuse menée depuis le début de son quinquennat.
Qui porte en effet l’essentiel de la responsabilité du risque d’effondrement de l’hôpital, de l’épuisement des hospitaliers au moment ou frappe la vague Omicron ? En premier lieu, celui qui a poursuivi et aggravé pendant cinq ans les politiques d’austérités, de transformation de l’hôpital en entreprise, de ses prédécesseurs. Quoi qu’il en dise, cette politique a continué après le début de la pandémie. La journée de mobilisation du 11 janvier, appelée unitairement par les syndicats de la santé, les collectifs de soignantEs et d’usagerEs, a eu pour mérite de rappeler ces vérités élémentaires et d’appeler à la mobilisation contre elles.
Un système de santé et d’action sociale « à bout de souffle »
Comme le disaient dans leur appel les fédérations CGT, SUD, CFE-CGC santé sociaux, le Collectif inter-hôpitaux, le Collectif inter-urgences, le Printemps de la psychiatrie, la Coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité : « Il est temps de régler les problèmes de fond qui traverse notre système de santé et d’action sociale : la fuite des professionnel.l.e.s , le manque d’effectif dans les services, des conditions de travail et salariales indignes, l’accès et la qualité de la prise en charge de la population qui se dégrade et des moyens alloués pour l’hôpital et les établissements qui ne répond pas à la demande et aux besoins de la population. Il est temps que les professionnel.l.e.s de terrain et les usagè.r.es soient entendues pour faire évoluer notre système de Santé et d’Action sociale qui est à bout de souffle. »
Les hospitalierEs, les salariéEs du social et du médico-social n’ont pas la mémoire courte. Ils et elles se souviennent que, tout au long de l’année 2019, quand il n’était question ni de covid ni de « non-vaccinés », les services d’urgence, débordés, ont fait 10 mois de grève, suivis à l’automne par l’ensemble du monde hospitalier, et qu’ils ne furent traités que par le mépris et jamais entendus. Selon la ministre de l’époque, il n’y avait pas de manque de personnel, mais un manque d’organisation. Ils et elles se souviennent qu’avant eux les personnels de EHPAD, de la psychiatrie avaient subi le même traitement. Ils et elles n’ont pas oublié qu’au lendemain du premier confinement le « Ségur de la santé », n’a apporté que des revalorisations salariales insuffisantes, et que le combat n’est pas terminé pour obtenir l’application de ces mesures à tout le secteur social et médico-social. Ils et elles constatent que le Ségur n’a rien changé aux conditions de travail à l’hôpital. Ils constatent que malgré les discours, les fermetures et restructurations de services et d’établissement se poursuivent et que le manque de personnel est toujours là.
Après la journée du 4 décembre dans les hôpitaux et la mobilisation historique du 7 décembre dans le secteur social et médico-social, la journée du 11 janvier, avec des dizaines de manifestations et rassemblements, a eu le mérite de relancer la mobilisation et de réaffirmer l’urgence d’imposer un tournant radical pour la santé, l’hôpital, le social et médico-social. Elle a permis de rendre ces exigences visibles en cette période de débat politique. Elle n’est toutefois qu’un coup de semonce qui doit s’inscrire dans une mobilisation de plus grande ampleur, par la grève et les manifestations pour imposer réellement les revendications des professionnels et répondre aux enjeux révélés par la crise sanitaire.