On ne peut pas dire que l’annonce d’une prime aux soignantEs ait suscité l’enthousiasme dans les hôpitaux et cliniques.
Une somme de 1 500 euros a été annoncée pour touTEs les agentEs hospitaliers – travaillant dans le public et le privé – des 30 départements les plus touchés par le Covid-19.
Les agentEs travaillant dans les autres départements ne percevront que 500 euros de prime. Pour le personnel des Ehpad, ce sera « très rapidement ». Combien ? Quand ? Pour qui ? Mystère... Les étudiantEs infirmierEs, qui ont été particulièrement sollicités dans cette période, n’ont pas de certitudes quant au versement d’une prime par les régions.
Et le versement des primes peut encore réserver des surprises selon la catégorie de personnel à laquelle on appartient, le service dans lequel on travaille, la région dans laquelle on vit, tant les annonces gouvernementales sont ambigües.
Grossière manœuvre
Toute prime est bonne à prendre et personne ne crachera dessus. Mais la manœuvre gouvernementale est grossière. Cela fait plus d’un an que le personnel des hôpitaux publics revendique une augmentation mensuelle de 300 euros net, des moyens supplémentaires, des embauches, l’arrêt des suppressions de lits et des suppressions d’hôpitaux de proximité.
Ce n’est pas un saupoudrage à géométrie variable, selon les régions et les établissements, dans un but évident de division, qui va calmer la colère qui gronde dans le milieu hospitalier.
Ce serait même perçu comme insultant de vouloir acheter à vil prix une hypothétique paix sociale alors que l’exaspération est à son comble concernant la gestion de l’épidémie par les pieds nickelés qui se prennent pour des gouvernants.
Où sont les surblouses ? Les protections les plus élémentaires ? Il a fallu attendre des semaines pour avoir des masques, ce qui a amené la contamination de milliers de soignantEs et le décès de plusieurs d’entre elles et eux.
Bas salaires
Rappelons que les 500 000 infirmierEs dans les hôpitaux publics en France perçoivent un salaire particulièrement bas. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), il est parmi les plus faibles des 29 pays membres. La rémunération moyenne des infirmierEs, en France, est ainsi inférieure de 5 % au salaire moyen national. En comparaison, en Espagne, unE infirmierE gagne 28 % de plus que le salaire moyen…Ce ne sont pas quelques centaines d’euros de prime qui vont faire oublier les conditions de travail déplorables, la peur d’être contaminé et de contaminer ses proches, la tristesse, la peur de la mort…
Les personnels hospitaliers sont fatigués physiquement et psychologiquement. C’est tout un secteur professionnel qui est lessivé par les conditions de travail dantesques subies à cause de la gestion l’épidémie largement aggravée par une totale incurie d’État et des décennies d’étranglement budgétaire. La revendication salariale est plus que jamais d’actualité.