Selon Macron, « notre système de santé ne souffre pas d’abord d’un problème de sous-financement. Il pêche par un vrai handicap d’organisation ». Le gouvernement refuse donc d’accorder les moyens financiers nécessaires aux besoins de santé, notamment aux hôpitaux publics.
L'augmentation de l’ONDAM (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) pour 2019 sera de 400 millions d’euros, une somme dérisoire en regard des 195,2 milliards de dépenses de santé prévus en 2018. La branche maladie de la Sécurité sociale sera ainsi autorisée à augmenter ses dépenses de 0,002 % l’année prochaine alors que l’inflation depuis un an est de 2,4 % !
Selon la Fédération hospitalière de France (l’association des directeurs d’établissement public), les hôpitaux publics en 2017 souffraient d’un déficit compris entre 1,2 et 1,5 milliard d’euros, trois fois supérieur à celui de 2016. Le ministère de la Santé, par l’intermédiaire des Agences régionales de santé (ARS), donne des consignes impératives : le retour à l’équilibre financier est un objectif primordial, et ce malgré des conséquences néfastes pour les patientEs et les soignantEs. Les ARS n’accordent des rallonges budgétaires que sous la pression des luttes des hospitalierEs et de leur impact médiatique.
De la réforme de l’hôpital…
Macron prétend qu’aucun hôpital ne fermera, mais le dossier de presse concernant la réforme « Ma santé 2022 » précise que « des établissements de santé seront appelés à repenser leurs missions de proximité ». 500 à 600 d’entre eux seront « labellisés hôpitaux de proximité », avec pour « missions » la médecine polyvalente, les consultations spécialisées, l’imagerie, la biologie, les équipes mobiles et la télémédecine. Ces hôpitaux deviendront, de fait, des maisons de santé avec des praticiens libéraux payés à l’acte, ou des centres publics de santé, mais seuls 400 postes de médecins salariés seront créés.
On apprend en outre que « pour offrir des soins ultraspécialisés et donner accès aux plateaux techniques de pointe (3e niveau), le gouvernement proposera, en décembre 2018, les évolutions nécessaires des CHU avec une attention particulière portée à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) », alors que le démantèlement de l’AP-HP est déjà en cours avec la création de trois supra-groupes-hospitaliers dotés d’une entité juridique propre.
Les restructurations, fermetures de lits, de services et d’hôpitaux et les suppressions de postes vont se poursuivre au détriment des patientEs et des hospitaliers. Aucune mesure n’est annoncée pour les secteurs les plus sinistrés, la psychiatrie et les Ehpad. Les hôpitaux publics et privés devraient « coopérer, se rapprocher, s’associer ».
… à la « réorganisation de la médecine de proximité »
Macron annonce la création d’ici 2022 de 4 000 postes d’assistants médicaux « et plus si besoin ». Ils seront chargés des tâches administratives et d’une préconsultation : peser, mesurer, prendre la tension... Le pouvoir donne l’impression de se préoccuper des « besoins » des médecins, alors qu’il ignore totalement ceux des hôpitaux publics. Mais c’est un leurre : son objectif est de faire gagner du temps aux médecins afin de « désengorger les urgences pendant la journée, de 8 h à 20 h pour démarrer, […] et plus tard si possible en soirée sans devoir aller à l’hôpital ». C’est ignorer la situation des médecins, qui sont totalement surchargés, avec 56 heures de travail en moyenne par semaine. Il veut ainsi « faire gagner 15 % du temps médical ». Le temps de consultation, qui est de 15 minutes en moyenne par patientE, un rythme déjà infernal, serait réduit à 12,5 minutes. Comme partout, il faut « rentabiliser » !
L’installation de médecins dans les déserts médicaux devra se faire sans la moindre contrainte (alors que des « activités » seront imposée aux bénéficiaires d’allocations sociales). Il serait pourtant possible de demander aux médecins sortant de l’université d’exercer quelques années dans les lieux où il manque des médecins, en contrepartie d’un présalaire versé pendant leurs études.
Le numerus clausus sera enfin supprimé pour former des médecins en nombre suffisant, mais il ne faudrait pas que soit un effet d’annonce et que la sélection soit de fait reportée après quelques années d’études comme cela est envisagé…
Un plan d’urgence
La politique du gouvernement a pour seul but de réaliser des économies et de privatiser la santé. Au contraire, le NPA propose un financement à la hauteur des besoins, définis avec les professionnelEs et les patientEs. Des centres publics de santé polyvalents et gratuits devraient être créés dans toutes les villes et les quartiers. Ils seraient chargés des soins, de la prévention, de l’éducation à la santé. Ils tisseraient des liens avec les hôpitaux de proximité présents sur tout le territoire, et dotés de multiples services : urgences, chirurgie, maternité.
La solution à la crise du système de santé, c’est la démocratie sanitaire, un service public de santé doté des moyens suffisants et géré par une Sécurité sociale reconquise.
S. Bernard