La manifestation hospitalière du 17 décembre, à Paris – dernière manifestation avant les fêtes – a été une réussite. Cette manifestation avait fusionné avec celle organisée contre la réforme des retraites.
Même si les hospitalierEs qui composaient le cortège était moins nombreux qu’un mois auparavant, ils et elles étaient tout aussi déterminés. Cette manif a réuni les personnels non médicaux, les médecins, les usagerEs, et elle a montré sa capacité à faire le lien avec les enjeux de la lutte contre la réforme des retraites. Les blouses blanches qui s’étaient rassemblées séparément ont ensuite intégré le cortège principal sous les applaudissements des manifestantEs.
« Les gens vont crever devant l’hôpital »
Dans bien des villes on a pu voir des blouses blanches au côté de cheminotEs, d’enseignantEs, d’étudiantEs… Pour exiger le retrait de la contre-réforme des retraites par points et en même temps, rappeler que de nombreux services hospitaliers, les urgences en particulier, sont en grève depuis des mois pour exiger la fin de l’austérité dans la Santé publique.
Ce jour-là, les internes étaient également dans la rue. Quelques villes de régions sont venues manifester à Paris : Rennes, Cholet, Lille et Besançon, entre autres.
Les annonces d’Édouard Philippe, après celles de Buzyn, qui a reçu le Collectif inter-hôpitaux après la manif, n’ont pas calmé la colère : rien sur les réouvertures de lits, rien sur les salaires, rien sur les créations de postes. La tentative de division géographique où les ParisienEs auraient une prime que n’auraient pas les provinciaux n’a pas fonctionné.
Comme le disait une infirmière interviewée par France Info : « C’est maintenant qu’il y a urgence à débloquer des moyens et pas dans quelques années. Sinon, ça sera trop tard. Sinon, la population va se révolter, c’est sûr et certain, car les gens vont crever devant l’hôpital ».
Les chefs de service aussi
Le contexte social est très chaud. Le conflit des hôpitaux y participe. Il n’y a pas eu de de trêve en cette fin d’année. Les hospitalierEs, à Paris en particulier, ont bien compris que quelques jours de galère pour cause de grève des transports pourraient leur éviter une retraite de misère, et c’est sur les deux fronts, hôpital et retraite, qu’elles et ils entendent bien gagner.
La crise est si profonde que le journal le Monde du 17 décembre nous apprenait que le 22 novembre l’Association des directrices et directeurs d’hôpitaux a reconnu dans un communiqué que : « beaucoup de […] collègues sont aujourd’hui sensibles à la grève », précisant que, si elle « n’y appelle pas, elle comprend les collègues qui maintenant souhaitent la rejoindre ».
Comme en écho à la grève des 250 services d’urgences et à la lutte des personnels hospitaliers depuis 10 mois, fin décembre, mille chefs de service, responsables d’unité et médecins hospitaliers ont annoncé publiquement leur refus de participer à certaines réunions, de siéger à certaines commissions ou encore d’appliquer la codification tarifaire qui permet à l’hôpital de facturer les actes à l’assurance maladie. Le mouvement avait commencé à l’hôpital de la Timone à Marseille. Cela pour dénoncer le ridicule des sommes prétendument débloquées par le gouvernement
Contre l’épuisement, la lutte
Les agentEs sont épuisés. Les arrêts maladie sont extrêmement nombreux dans une profession où il y a encore quelques mois, les soignantEs hésitaient à s’arrêter, même avec de la fièvre pour assurer les soins et ne pas gêner les collègues.
Les revendications n’ont pas changé : des lits supplémentaires, des augmentations d’effectifs et de salaires – qui forcément garantiront de meilleures pensions.
Dans tout le pays les hospitalierEs luttent de toutes leurs forces contre la destruction de la santé publique et pour l’amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Cela fait des mois que ça dure, et ce n’est pas près de s’arrêter tant que le gouvernement ne donnera pas satisfaction.
CorrespondantEs (Besançon)