D’une manière extrêmement discrète, sans aucune information ni du Parlement ni bien sûr des citoyens, le gouvernement français vient d’acquérir deux drones Reaper américains.Dans la domination du monde à laquelle aspirent les gouvernements des États les plus puissants, la maîtrise de l’information et la possession d’un armement à la fois sophistiqué et discret jouent un rôle primordial. Les aéronefs sans pilote remplissent parfaitement ces fonctions : ils leur permettent de contrôler et de tuer quand et où ils veulent, sans craindre la contestation de leurs propres populations, et de s’affranchir du droit international.Leur utilisation est justifiée par la guerre contre le terrorisme, la guerre totale « contre la terreur ». Fabriqués seulement par Israël et les États-Unis, c’est pour rattraper le retard de la France en la matière, c’est-à-dire rester dans la compétition inter-impérialiste, que Jean-Yves Le Drian a justifié cet achat. Achetés sans armement, ils pourront rapidement être armés par les industriels français. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale annonce la construction d’une douzaine de drones d’observation, et à l’horizon de 2035 la fabrication des drones du futur « sorte de Rafale armés et sans pilote ».
Industrie de la mortDe quoi donner satisfaction aux patrons de l’armement. La perspective de fabrication française de drones permet également au gouvernement de satisfaire une exigence d’EADS et Dassault de rester dans la compétition et de calmer en partie la grogne d’un état-major des armées qui estime son important budget pas à la hauteur des ambitions françaises. L’armée française reste cependant la première armée des pays européens avec 250 000 hommes.Il n’y a pas de guerre juste, mais l’utilisation de drones de combat qui permet, sans aucun risque pour l’assaillant, des exécutions extrajudiciaires, en toute impunité car effectuées dans un vide juridique total, est aujourd’hui le summum du conflit assymétrique. Depuis 2002, l’administration américaine a laissé tuer 4 756 personnes, dont des civils suspectés de terrorisme. Quelques bavures, quatre citoyens américains tués par des drones au Pakistan et au Yémen, et les plaintes en justice de l’ACLU (organisation de défense des libertés publiques) obligent Obama à tenter de redonner un semblant de couverture démocratique à ces assassinats qui vont maintenant être plus encadrés mais toujours autorisés car jugés « nécessaire, légal et juste » !Pour le NPA, la lutte contre les terrorismes passe par la création de rapports de respect et d’échanges justes entre les pays, un développement juste et équilibré de la planète. Ce qui nous engage à dénoncer ces guerres soi-disant propres mais qui imposent une menace et une violence permanentes sur une majeure partie du monde.
Roseline Vachetta