Depuis une vingtaine d’années, le thème de l’école inclusive s’est imposé dans les politiques éducatives. Le concept fait référence à l’inclusion des élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires ordinaires. Une belle intention ! Cependant derrière l’écran de fumée des campagnes de communication du ministère de l’éducation nationale, la réalité est bien moins glorieuse !
L’accompagnement des élèves en situation de handicap, c’est le boulot des AESH1. Un boulot, un petit boulot même, à voir le sort qui leur est réservé : pas de formation, pas de reconnaissance, des temps partiels imposés, la précarité avec des salaires entre 600 et 800 euros mensuels et des contrats souvent à durée déterminée, ainsi qu’une flexibilité poussée à l’extrême.
Des conditions de travail et d’accompagnement dégradées
En Haute-Garonne, 700 élèves reconnus comme nécessitant un accompagnement n’y ont pas du tout droit, faute de recrutement de personnels AESH. Les autres se partagent des miettes : en effet, aujourd’hui, la norme, pour unE AESH, c’est de suivre entre 4 et 10 élèves dans la semaine, certainEs parfois pour une seule heure, ou encore d’accompagner simultanément plusieurs élèves dans une même classe. La logique générale est celle de la mutualisation : les AESH deviennent interchangeables à la petite semaine, baladés d’une école, d’un collège, d’un lycée à l’autre, confrontés à des handicaps divers. Symétriquement, les élèves ne sont souvent accompagnés qu’une poignée d’heures dans la semaine (six heures en moyenne pour la grande majorité), changent d’AESH d’une heure à l’autre, se partagent à deux ou trois élèves le ou la même AESH dans un même cours. Dans le même temps, les effectifs dans les classes spécialisées ont quasiment doublé sans aucun moyen supplémentaire. L’inclusion des élèves en situation de handicap, dans tous ses aspects, se fait partout de façon extrêmement dégradée.
Mobilisation réussie le 19 octobre
Mardi 19 octobre, de nombreuses et nombreux AESH, parfois suivis par les enseignantEs de leur établissement, se sont mis en grève. À Toulouse, en fin de matinée, 200 d’entre elles et eux se sont réunis en assemblée générale à la bourse du travail. Plus tôt, dans plusieurs établissements, AESH, enseignantEs et parents d’élèves s’étaient retrouvés dès 8h pour mener des actions d’information localement et exprimer leur détermination. À midi, 500 personnes ont manifesté dans les rues de Toulouse. La question du mépris (pour les AESH, pour les élèves en situation de handicap, pour leur parents) a pris bonne place dans les slogans et les prises de paroles. Cette journée de mobilisation a été une grande réussite. Jamais nous n’avions vécu de mobilisation aussi massive sur la question. Cela doit donner confiance pour entraîner encore davantage d’AESH, d’enseignantEs et de parents d’élèves, élever le rapport de forces établi pour obtenir un recrutement massif, à hauteur des besoins, de personnels AESH, avec un statut de fonctionnaire, un salaire décent, des conditions de travail dignes de la mission qui leur est confiée et la reconnaissance d’un véritable métier !
- 1. AccompagnantEs d’élèves en situation de handicap.