Dans un discours très marqué par la crise, Sarkozy a présenté ses « vœux aux enseignants », à Saint-Lô (Manche), lundi 12 janvier.
Le gouvernement a peur d’un mouvement de la jeunesse similaire à la révolte de la jeunesse grecque. Pour autant, alors que plusieurs milliers d’enseignants, d’étudiants et de lycéens étaient rassemblés dans les rues de la ville et que ses CRS chargeaient violemment les manifestants (lire page 2), Sarkozy a maintenu le cap sur la nécessité d’une « réforme » du lycée. Il la repousse à septembre 2010, mais il assure qu’il « n’a pas le droit de reculer » !
La rengaine du « mauvais état de l’école » lui permet de justifier les contre-réformes en cours. La justice sociale selon Sarkozy, c’est aux individus de compter sur « leur destin et leur mérite » pour « saisir la chance qui leur est donnée », car « la société ne peut pas apprendre à votre place, l’État ne peut pas travailler à votre place » ! Chacun est responsable alors de son échec !
Il redit ce que tout le monde sait : 15% des élèves arrivent en sixième avec « des difficultés de langage » et (ces mêmes) 15% quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification. Mais, au lieu de donner les moyens pour faire réussir tous les élèves et élever le niveau général de qualification pour tous, il confirme sa contre-réforme du « soutien scolaire » (moins deux heures pour tous les élèves afin de les saupoudrer pour les élèves en difficulté, et surtout leur retirer les enseignants spécialisés…). Les évaluations nouvelles de bilan en CE1 et en CM2 permettront de procéder à un tri précoce des élèves en trois groupes (trois tiers), les « bons », les « moyens » et les « mauvais » qui, stigmatisés et déjà exclus de l’objectif de réussite de tous, seront dirigés vers les heures de soutien organisées en dehors des heures de classe communes.
Sarkozy ne voit pas plus haut que 60% de réussite au bac. Il table sur le renoncement à l’« uniformité pédagogique » et sur la nécessité de « s’adapter aux différents publics ». La contre-réforme des lycées l’illustre bien : le lycée professionnel doit faire atteindre le bac à ses élèves en trois ans au lieu de quatre… Bonjour la sélection ! Pour le reste, on ne sait trop rien, puisqu’il faut calmer les esprits des lycéens… Alors, Sarkozy va les « écouter », lors d’une nouvelle « grande consultation ». Son dialogue social, c’est imposer un projet, faire semblant d’écouter tout le monde mais après, c’est « je décide ».
Donc, une « réforme » maintenue pour les lycées, rien pour le collège, rideau pour les écoles, avec un aval donné aux mesures Darcos. Et, surtout, pas de retour sur les 13000 suppressions de postes… Et si les enseignants veulent quelque chose pour améliorer leurs conditions de travail, il faut qu’ils acceptent les « réformes »…
Ni la jeunesse, ni les enseignants ne sont prêts à se laisser faire : ensemble et avec les parents, ils entendent défendre le service public d’éducation de ce remaniement réactionnaire. C’est ce qu’ils feront entendre dans la rue le 17 janvier et le 29 janvier dans le cadre de la journée de grève interprofessionnelle.
Note : voir le récit détaillé de la journée sur http://www.npa2009.org/node/2085