Publié le Mercredi 21 février 2024 à 15h00.

Les cheminotEs en grève pour leurs revendications

La grève des contrôleurEs décidée pour le week-end de chassés-croisés des vacances scolaires de février est loin d’être une surprise. La direction fait mine de s’étonner, mais les raisons sont anciennes.

 

En septembre 2022, un collectif de contrôleurEs syndiqués (principalement CGT et SUD-Rail) et non syndiqués se sont organiséEs, d’abord via un groupe Facebook pour échanger ensemble sur les difficultés de leur métier. Totalement ignoréEs par la direction qui refusait de discuter avec des interlocuteurs non identifiés, ces salariéEs ont fini, par l’intermédiaire des syndiquéEs de leur collectif, par se faire aider par les syndicats de la SNCF. Au départ, seul SUD-Rail a répondu, acceptant que dans chacune des délégations que la direction recevait il y ait au moins un contrôleur du collectif de non-syndiqués. Rejoints ensuite par la CGT.

Cela a débouché sur une grève au moment des départs des vacances de Noël 2022. Déjà, il était question de grève surprise alors que la démarche était initiée depuis septembre, bien avant les délais légaux ! Les cheminotEs avaient averti de leur intention de faire grève à Noël, s’ils et elles n’étaient pas écoutéEs.

Au moins deux contrôleurs dans chaque TGV

À l’issue de ce week-end de grève à Noël 2022, la direction avait pris des engagements qui, à ce jour, n’ont pas été totalement respectés. Par exemple, la direction s’était engagée à répondre favorablement à la demande de mettre au moins deux contrôleurEs dans chaque TGV. Chaque rame pouvant transporter 600 voyageurs, cela semble être assez logique. La direction expliquait qu’il fallait un peu de temps, précisant que ce serait effectif fin 2023, le temps d’embaucher et de former les nouveaux contrôleurEs. Aujourd’hui elle explique que cela prendra encore deux ans, car c’est difficile. Les contrôleurEs demandaient aussi une réflexion sur la pénibilité de leur métier et sur leur fin de carrière. La direction, après avoir promis que les négociations auraient lieu en 2023, annonce aujourd’hui qu’elle va commencer les discussions au prochain trimestre. Commencer les discussions ! Pas le moindre engagement, donc.

Les contrôleurs demandaient aussi une revalorisation de leur prime de travail car celle-ci, contrairement aux primes octroyées à chaque fois par la direction pour éteindre ­l’incendie, compte pour la retraite.

Tous nos prétendus spécialistes de la question dans les différentes directions des ressources humaines n’ont pas encore fait quoi que ce soit. Car la direction, qui comme à chaque fois explique à longueur d’année l’importance du dialogue social, est incapable de répondre aux différentes problématiques, sauf lorsqu’elle y est contrainte par la grève. Il est donc bien plus simple de chercher à monter les usagerEs contre les cheminotEs en racontant des fadaises, sur des salaires que les contrôleurEs sont loin de toucher, que les chiens de gardes du pouvoir, de TF1 et CNews en tête, s’empressent de relayer.

Le PDG de la SNCF dans un grand numéro au journal télévisé a expliqué que les contrôleurEs ont été augmentés ces deux dernières années de 500 euros par mois. Il a ainsi réussi à les mobiliser encore plus, puisqu’ils et elles étaient entre 70 % et 80 % au TGV et 50 à 60 % au TER en grève en réponse à son mépris et ses provocations.

Des augmentations de salaire, pas des primes !

L’arme ultime de la direction, bien peu imaginative, est une prime de 400 euros, ce qui ne répond à aucune demande. L’autre demande légitime des cheminotEs n’est pas de recevoir une prime supplémentaire. Ils veulent une revalorisation de leur salaire. Car lors de leur départ à la retraite, la pension est calculée sur leur salaire de base bien loin de leur salaire réel (qui intègre les primes).

La direction a pourtant de quoi répondre aux cheminotEs et elle le sait ! Elle a d’ailleurs reculé l’annonce de ses bénéfices pour 2023, afin de ne pas se mettre l’opinion publique à dos ! On parle de 2 milliards, après une année 2022 déjà excellente. Lors des négociations salariales de fin 2023 et un odieux chantage à la signature, elle s’était contentée des signatures des syndicats d’accompagnement UNSA et CFDT. Pourtant, les syndicats de luttes CGT et SUD-Rail dénonçaient la faiblesse des mesures et annonçaient déjà que la combativité des cheminots allait revenir. La preuve aujourd’hui ! Dans les technicentres (ateliers du matériel), chez les aiguilleurs, des luttes corporatives sont aussi en cours.

Il est aujourd’hui cocasse d’entendre le PDG de la SNCF annoncer qu’il ne veut pas donner uniquement aux contrôleurEs mais organiser des négociations pour l’ensemble des cheminotEs, alors que, depuis quasiment vingt ans, lui et ses prédécesseurs ont tout fait pour segmenter l’entreprise publique en la découpant en plusieurs morceaux. Le bras de fer en cours doit être un exemple pour tous les travailleurs qui ont des droits à faire respecter !