Le 6 juillet dernier, mobilisation réussie à la SNCF avec 35 % de grévistes, tous collèges confondus, pour des augmentations de salaire.
Depuis la fin de l’année dernière, plusieurs journées de grève ont peu à peu réchauffé le climat à la SNCF. Sur l’axe Atlantique, des conducteurEs ont fait grève un week-end, des agentEs commerciaux également. Des conducteurEs à gare de Lyon ou des contrôleurEs à Tours et à Montparnasse ont menacé de se mobiliser et la direction a concédé quelques primes pour éviter la grève.
Plus récemment, une journée de grève nationale était prévue à l’aiguillage le 25 mai, annulée au dernier moment par les fédérations syndicales qui avaient déposé le préavis de grève, après que la direction a annoncé 1 000 euros de primes. Mais l’idée est restée dans bien des têtes : pour obtenir de vraies augmentations, il va falloir une vraie grève.
À Saint-Lazare et à Paris Nord, des conducteurEs ont fait grève sans se déclarer 48 h à l’avance, comme l’impose la loi sur le service minimum. Un geste de colère fort et pas banal. Même s’ils portaient aussi parfois sur les conditions de travail ou le sous-effectif, ces mouvements ont mis la question des salaires au cœur des revendications. La direction s’en est sortie momentanément en concédant des primes, souvent quelques centaines d’euros, étalées sur plusieurs mois. D’où une question lancinante : à quand les vraies augmentations de salaire ?
Gel des salaires + inflation = grève
La grille des salaires est gelée depuis 2014 à la SNCF, c’est-à-dire que les seules possibilités d’augmentation de salaire sont individuelles, parfois liées à l’ancienneté mais souvent au « mérite » (comprenez à la tête du client). Les salaires deviennent trop faibles au regard des contraintes imposées par les métiers du ferroviaires (horaires décalés, modification des plannings de travail, responsabilités, etc.). Des cheminotEs démissionnent pour tenter leur chance ailleurs. Là-dessus arrive une inflation galopante à plus de 5 % et c’est donc le niveau de vie de touTEs les travailleurEs qui se dégrade brutalement.
L’idée que ce ne sont pas quelques primes qui peuvent résoudre l’équation impossible du bouclage de la fin du mois s’est donc imposée. Il faut des augmentations significatives du traitement (la part fixe du salaire à la SNCF). Puisqu’il faut faire le plein de la voiture tous les mois, il faut des augmentations pérennes.
Suite à la grève, quelques avancées mais qui ne compensent même pas l’inflation
C’est donc dans ce contexte que la direction a été poussée à organiser une table ronde salaires le mercredi 6 juillet, et les fédérations syndicales cheminotes à appeler à la grève le même jour. Bilan de la journée : la direction annonce une augmentation des salaires, bloqués depuis 8 ans, de 1,4 % et de 400 euros brut annuels, plus quelques augmentations de primes et indemnités d’un montant dérisoire. Les cheminotEs et les cheminotes, très attentifs aux annonces, ont vécu cela comme une provocation. Hors de question de se satisfaire d’une augmentation inférieure à l’inflation. Chacun sait également qu’une seule journée de grève ne sera pas suffisante pour obtenir notre dû.
Les tentatives habituelles d’opposer les grévistes aux voyageurEs voulant partir en vacances ne semblent pas prendre : au contraire la grève est apparue comme légitime aux yeux de bien des travailleurEs confrontés aux mêmes problèmes de bas salaires.
Les suites ne manqueront pas d’arriver, car bien heureusement les travailleurEs des nombreux secteurs en mouvement pour les salaires n’attendent pas les appels de directions syndicales en vacances jusqu’à la prochaine date de mobilisation nationale le 29 septembre, dans deux mois et demi !