Publié le Jeudi 18 juillet 2019 à 14h41.

Tulle : face à la grève, La Poste ne fait pas dans la dentelle

Depuis maintenant plus de trois semaines, une vingtaine de facteurEs de Tulle sont en grève contre une énième réorganisation de la distribution.

Le mouvement illustre à quel point les conflits à La Poste s’inscrivent de plus en plus dans la durée. Car sans parler des quinze mois de conflit dans le 92, il est remarquable de constater que de Castanet-Tolosan à Miélan en passant par Montauban, les postierEs sont en butte à des méthodes patronales de plus en plus agressives qui poussent au bras de fer dans la durée.

« Les suppressions d’emplois ne sont pas négociables »

À Tulle, tout a commencé par l’annonce de la suppression de 6 tournées (sur 45) et la mise en place d’une pause dite « méridienne » qui augmente l’amplitude horaire et oblige les facteurEs à faire une partie de leur service l’après-midi. Après avoir reçu des délégations contre la méridienne, la direction a reculé sur cette question, mais a proposé non plus 6 mais 8 suppressions de postes à la distribution… Dès lors, un préavis de grève a été déposé par Sud et la CGT à partir du 24 juin.

Interrompu après une ­semaine, le mouvement a repris le 8 juillet. Malgré un soutien massif des habitantEs et un déploiement tous azimuts, les grévistes ont rencontré plus d’élus que de cadres de l’entreprise… Même si le député LREM de Corrèze leur a conseillé de s’adapter aux nouvelles réalités du marché postal (!), il est remarquable que les directions locales et régionale de La Poste n’aient pas daigné dire autre chose que « les suppressions d’emplois ne sont pas négociables ». Pire, ces directions font intervenir des cadres sur le piquet de grève pour faire de la provocation. À des grévistes qui parlaient des suicides à France Télécom, un de ces sbires a déclaré : « Les salariés qui se sont suicidés, c’était leur choix ». Révélateur de l’esprit qui prévaut aujourd’hui dans les cercles dirigeants du groupe La Poste SA… La novlangue du « dialogue social » est en œuvre mais les méthodes sont à chercher dans le « vieux monde » du capitalisme.

À l’heure où ces lignes sont écrites, les grévistes travaillent à l’extension de leur mouvement à d’autres bureaux pour augmenter le rapport de forces.

Entre l’usage de groupes de casseurs de grève (les « task force » selon le vocabulaire postal), le mépris de toute expression discordante et l’usage systématique de la répression, les responsables de La Poste n’ont rien à envier aux patrons de France Télécom. La multiplication des mouvements de grève dépassant le mois sont de la responsabilité du groupe mais aussi, à n’en pas douter, le symptôme de la détermination croissante des postierEs. En cela, il y a des raisons d’être optimiste.

Erwan Piam