Jusqu’à présent, le code du travail stipulait qu’« aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail ». Voilà que ça change...
Un décret publié jeudi 3 juillet au Journal officiel ajoute un alinéa, selon lequel « lorsque la consommation de boissons alcoolisées » est « susceptible de porter atteinte à la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs », l’employeur peut prendre des mesures par « le règlement intérieur ou, à défaut, par une note de service ». « Ces mesures, qui peuvent notamment prendre la forme d’une limitation, voire d’une interdiction de cette consommation, doivent être proportionnées au but recherché », précise le texte.
Défendre la vie collectiveCette nouvelle attaque au code du travail va renforcer les entreprises qui avaient inscrit l’interdiction totale de l’alcool au travail. Sous prétexte de sécurité ou de protection de la santé, on assiste en fait à une offensive prohibitionniste. Au moment ou les salariés en souffrance consomment des psychotropes à un niveau record dans notre pays, l’interdiction de l’alcool en entreprise vise à supprimer les derniers endroits de convivialité, les fameux pots de fin de semaine ou d’événements familiaux. La stratégie patronale est bien d’exclure de l’entreprise tous les moments où l’on n’est pas au travail, pris dans la concurrence entre salariéEs et sous la surveillance de la hiérarchie, directe ou informatisée. Il nous faut défendre ces espaces favorables à la vie collective en entreprise, car la lutte contre l’alcoolisme ne passe surtout pas par la clandestinité ni par les leçons de morale.
Jett Aelys