Déclarant que la loi travail a été vidée de son sens, le Président du Medef, en écho aux leaders de la droite, dénonce les syndicats qu’il accuse de bloquer tout dialogue...
«Tant qu’on aura des syndicats, comme FO et la CGT, politisés et obnubilés par la lutte des classes, on ne s’en sortira pas », assène le dirigeant, selon qui « le devenir de cette loi donnera le ton du dialogue social dans les mois et années à venir. Nous ne pouvons pas discuter avec des organisations qui refusent la mondialisation et ont une culture de lutte de classes ».
Dans le déploiement de cet antisyndicalisme primaire, le patronat a trouvé dans le gouvernement un allié de poids. À la recherche des 40 voix de « gauche » qui selon son rapporteur manqueraient pour faire avaliser les reculs de la loi travail, le gouvernement tente d’une part d’intimider par la répression et d’autre part de décrédibiliser le mouvement en dénonçant les organisations syndicales qui l’organise.
Ainsi lors de la journée de mobilisation de soutien aux Goodyear, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll avait donné le ton : « J’ai du mal à comprendre. (...) Je demande à ce que la CGT, de temps en temps, ait la mesure des décisions qu’elle prend. Soutenir les salariés de Goodyear pour mettre des milliers de gens et de salariés dans la difficulté, je ne vois pas comment on peut expliquer ça »... Faisant semblant d’ignorer qu’il s’agissait de deux mouvements différents.
Cette CGT dont vient tout le mal...
Ensuite, dès l’ouverture du congrès de la CGT, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, se lâchait : « Il y a beaucoup de choses qui me choquent en ce moment à la CGT. » Et, dans la foulée, il amplifiait l’attaque à partir de la polémique née de l’affiche dénonçant les violences policières mise en ligne par Info’com-CGT, lâchant même : « Il y a une gauchisation aujourd’hui de la CGT. (...) Il y a un cours gauchiste qui est en place et cette affiche fait partie de ce cours gauchiste où on veut une CGT pure, une CGT sans opposition, une CGT tellement radicale qu’à la fin, elle se regroupe autour de quelques personnalités qui sont en confrontation frontale avec l’ensemble de la société. » Avec un commentaire tout en finesse illustrant les méthodes de fonctionnement de Cambadélis : « C’est l’orientation de Philippe Martinez parce que connaissant la CGT, on n’a pas crié "Socialistes dehors" [en référence aux cris et sifflets accueillant le représentant du PS au congrès] ou fait cette affiche sans que le secrétaire général de la CGT ne le sache ». Une affiche que Philippot du FN trouvait « violente, vulgaire et choquante »...
Malgré un groupe parlementaire majoritaire, une opposition de droite sensible aux attaques contenues dans le projet de loi travail et les difficultés rencontrées par la mobilisation, le gouvernement est à la recherche d’une majorité sociale et d’une majorité politique. Côté social, malgré le soutien de la CFDT et de ses alliées, une majorité de salariéEs est convaincue de sa nocivité. Côté politique, il n’est pas sûr que le grand écart des petites mesures sur la gauche et sur la droite convainque une majorité de députés. Le tout menant au 49-3...
Robert Pelletier