Elles sont en grève du zèle depuis quatre mois ; elles, ce sont les enquêtrices qui relèvent l’indice des prix à la consommation. Ne vous étonnez pas si on vous dit que les prix ont baissé ; elles ne relèvent plus certains prix, comme ceux des fruits, par exemple. Ni le carburant, mais est-ce si important dans le budget ? Rejointes depuis début janvier par leurs collègues qui réalisent la fameuse enquête « emploi » donnant les chiffres du chômage pour le Bureau international du travail, elles sont entrées dans une grève dure : plus de réalisation de l’enquête emploi depuis le 29 février. Chez ces précaires de la fonction publique, l’exaspération est à son comble. Depuis deux ans, des enquêteurs et des membres de la CGT et de SUD négocient le passage forcé au CDI qu’impose l’Europe. L’État voulant faire des économies rechigne et à la fin février, annonce que tout le monde sera digéré avec la loi Sauvadet, tout le monde sauf celles qui ont moins de six ans d’ancienneté. La loi Sauvadet leur vomira un « CDI pigiste » tel qu’il en existe déjà, une aberration au vu du code du travail mais un délice patronal. L’État hors-la-loi continue donc son chemin déroutant mais les enquêtrices quoique isolées puisqu’elles travaillent depuis leur domicile, viennent toutes de se mettre en grève. Une grève nationale qui n’a jamais été aussi bien suivie. Quant aux chiffres, on verra si le nouveau directeur sarkozyste de l’Insee s’en soucie. Après tout, en matière de mensonges, il est à bonne école.