Le 2 mars prochain, Patrice Périchou, secrétaire du syndicat CGT Paris Énergie (EDF) est convoqué par le juge Roger Le Loire, en vue de sa mise en examen pour « entrave à la liberté du travail, dégradation et destruction de bien d’autrui ». Il risque à la fois une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Les faits qui ont conduit Patrice dans cette extravagance judiciaire ? Le 14 février 2008, Patrice, mandaté par son syndicat, accompagne une centaine de collègues venus manifester contre le licenciement de Nacima, intérimaire en voie de titularisation. Ils sont là pour « raccompagner » Nacima à son poste de travail.
Devant cette assemblée, Patrice lit une déclaration dans laquelle il précise que le licenciement de Nacima renvoie cette mère célibataire et de surcroît handicapée à la précarité la plus sombre, alors que sa hiérarchie n’avait jusque-là qu’à se louer de son travail. Ladite hiérarchie a « changé » d’avis et a modifié, a posteriori, les notes qui comptaient pour la titularisation. La « faute » de Nacima ? Elle a été témoin d’un accident du travail que la direction tente à tout prix de dissimuler. Cette manifestation de soutien et d’indignation se déroule dans le calme et ne donne lieu à aucune dégradation…
Face à ces militants qui luttent contre l’injustice au quotidien, contre la privatisation de l’électricité et du gaz, pour la renationalisation du secteur de l’énergie, contre la casse de leur système de retraite…, la direction revancharde veut faire des exemples pour soumettre les autres. En juin 2008, elle traduit Patrice Périchou en conseil de discipline et décide de le rétrograder (perte mensuelle de salaire de plus de 300 euros). Mais cela ne suffit pas à calmer les appétits répressifs d’une direction aux ordres des actionnaires et du gouvernement.
Dans le même temps, elle dépose une plainte devant le tribunal de grande instance de Paris. Ce sont les suites de cette plainte qui vont se jouer la semaine prochaine.
Dans l’intervalle Patrice s’est tourné vers la juridiction prud’homale afin d’obtenir l’annulation de la sanction financière qui le frappe depuis plus de deux ans. Décision attendue en septembre 2011. Depuis ce temps-là, Nacima court toujours de contrat précaire en contrat précaire. Pendant ce temps-là, les actionnaires d’EDF vont toucher des dividendes à la hausse (2 milliards d’euros pour 2010). Dernière minute. D’une part la direction d’ErDF Paris (filiale d’EDF) vient de tenter de s’assurer la paix sociale en suggérant qu’elle pourrait retirer sa plainte si l’organisation syndicale devenait plus docile dans les institutions représentatives du personnel. La CGT Énergie Paris et Patrice Périchou ont bien évidemment refusé cette capitulation. Par ailleurs, une autre militante du même syndicat, Catherine Fléchard, est elle aussi convoquée devant le juge Le Loire le 2 mars prochain pour les mêmes raisons.
Adèle B.