Le gouvernement a profité de l’été pour annoncer la non-reconduction d’une grande partie des contrats dits « aidés ». Une décision violente et cynique qui jette à la rue 150000 personnes, lourde de conséquences pour une grande partie de la population.
En août, Pénicaud, championne de la précarité et de la casse du droit du travail, dénonçait ces contrats « pas efficaces et extrêmement coûteux pour la nation ». Cette semaine Castaner, porte-parole du gouvernement justifiait leur suppression au nom de la lutte contre… « la précarité organisée » !
40 ans de précarisation
Depuis près de 40 ans, tous les gouvernements ont multiplié les contrats ultra-précaires financés pour une grande part par l’État. Des travaux d’utilité collective de Fabius (TUC) et contrats emploi-solidarité de Rocard (CES) aux contrats initiative-emploi de Balladur (CIE), emplois jeunes d’Aubry, contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE), contrats d’apprentissage et autres contrats unique d’insertion (CUI)… tous ont utilisé le chômage pour précariser des travailleuses et des travailleurs en galère, souvent jeunes, disponibles par la force des choses, parfois (souvent) diplôméEs.
En leur faisant occuper des emplois indispensables au fonctionnement de la société à coups de contrats de quelques mois, renouvelables ou non, avec des salaires dérisoires et souvent en temps partiels, cette politique a permis d’amplifier la pression sur les conditions d’emploi et de salaire de l’ensemble du monde du travail.
Colère et solidarité
Aujourd’hui, le gouvernement Macron passe à une autre étape et estime avoir suffisamment d’autres outils pour trouver une main-d’œuvre bon marché. Mais les réactions de colère et de solidarité commencent à se multiplier : des écoles sont bloquées par des parents d’élèves pour exiger le retour des personnes licenciées, des rassemblements ont lieu et nombre d’associations tentent de mobiliser pour sauver ces emplois et l’activité qui en dépend auprès de publics en difficulté.
L’arrêt brutal de ces contrats a révélé la place essentielle que ces travailleuses et travailleurs occupaient. Beaucoup travaillaient dans des écoles pour aider aux nombreuses tâches que les enseignants ne peuvent accomplir, assurer les transports scolaires, la cantine, etc… À l’île de la Réunion, 18 des 24 communes ont dû reporter la rentrée de 5 jours pour les maternelles et les primaires par manque de personnel.
Pour des embauches pérennes et massives
Le PS a fait mine de s’indigner… alors que Hollande avait déjà largement amputé le dispositif sans créer de véritables postes, passant de 460 000 contrats aidés signés en 2016 à 280 000 budgétés cette année. De son côté Baroin, président (LR) de l’Association des maires de France, est lui aussi monté au créneau à quinze jours des élections sénatoriales, oubliant probablement que Fillon, son candidat, prévoyait leur suppression pure et simple… Estrosi, apparemment soucieux de régler quelques comptes, a réagi : « Cessons l’hypocrisie, nous n’avons eu de cesse de dénoncer ces emplois bidons ! »
Peu importe ce concert de Tartuffes, il est évident à tous que ces emplois sont indispensables. Mais n’oublions pas que ces contrats qui n’ont jamais « aidé » que les employeurs n’ont pas lieu d’être : ce sont des embauches pérennes et massives qu’il faut imposer de toute urgence !
Isabelle Ufferte