Montrer du doigt, désigner comme bouc émissaires les premières victimes de la crise, est une recette dont usent et abusent souvent les premiers responsables de la situation... Ainsi, dans les départements du Nord et du Haut-Rhin, les bénéficiaires du RSA doivent aujourd’hui subir une pression accrue de l’administration.
Sous la férule de son nouveau président LR, Jean-René Lecerf, le conseil départemental du Nord le dit : le RSA coûte trop cher, il faut donc traquer les prétendus « fraudeurs » en procédant à un contrôle rigoureux des allocataires, à commencer par leur inscription à Pôle emploi. Aussi, sur les 115 000 bénéficiaires du RSA dans le Nord, le département aurait repéré 45 000 personnes qui oseraient toucher l’allocation sans être inscrites à Pôle emploi ou dans un quelconque parcours d’insertion... 5 000 d’entre eux ont déjà reçu un courrier les invitant à régulariser leur situation sous peine de radiation, et 2 000 auraient déjà été sanctionné.
Encore plus fort, le département du Haut-Rhin veut, lui, désormais contrôler le compte bancaire des bénéficiaires du RSA et leur demande donc de fournir leurs relevés. Si les principaux concernés dénoncent à juste titre une intrusion, le conseil départemental, présidé par Éric Straumann (lui aussi LR), va encore plus loin : il veut conditionner le versement du RSA à sept heures de bénévolat hebdomadaires. Une mesure qui serait mise en place le 1er janvier 2017, mais vivement contestée, même par l’État qui a saisi en avril dernier le tribunal administratif de Strasbourg... mais sans décision jusqu’à présent.
Pourquoi personne ne rappelle que, dans le même temps, 35 % des possibles bénéficiaires du RSA n’en font tout simplement pas la demande ? Peut-être parce que la chasse aux pauvres devient aujourd’hui un sport national : une dizaine d’autres départements auraient contacté leurs homologues alsaciens et nordistes pour organiser à leur tour ce flicage généralisé.