C’est en se faufilant entre Jaguar, Mercédès et autres voitures de très haut de gamme qu’Olivier Besancenot s’est rendu avenue Hoche, soutenir les salariéEs de l’hôtel Royal Monceau en grève depuis deux semaines.
Dans ce quartier où la lutte de classes semble inconnue, les « invisibles » de ce palace de luxe sont en grève pour des revendications qui, en ces lieux plus qu’ailleurs, ont toute leur légitimité.Augmentation de 2 euros de l’heure, amélioration des conditions de travail, embauches pour faire face aux charges de travail, baisse des cadences, prise en charge de 70 % de la mutuelle par l’employeur, prime de 10 euros par lit, mise en place d’une plonge-batterie au restaurant, sont parmi les revendications qui mobilisent cuisiniers, femmes de ménage, placiers, maîtres d’hôtel, soit une majorité de salariéEs de l’hôtel. Il faut dire que certainEs sont « royalement » payées 1 300 euros net. Soit moins qu’une nuit d’hôtel dans ce palace où le prix des chambres va de 1 300 à 25 000 (!) euros la journée.
De l’argent il y en a dans les poches de Katara*Pas étonnant dans ces conditions que la rentabilité financière de la société d’exploitation soit de 20 % avec un chiffre d’affaires de 46,5 millions d’euros en progression de 20 % de 2013 à 2014 pendant que la masse salariale est en baisse de 10 % par rapport au chiffre d’affaires.Après avoir demandé le report de l’audience du 7 octobre devant le TGI de Paris – qu’elle avait provoquée pour contrer les grévistes qui voulaient faire respecter le droit de grève et donc faire respecter l’interdiction d’embauche d’« extras » – pour, paraît-il négocier, la direction a proposé... 10 centimes d’euro d’augmentation ! Pas étonnant non plus que les salariéEs soient déterminéEs pour faire aussi bien que celles et ceux de Park Hayat qui ont obtenu l’équivalent de 400 à 500 euros mensuels d’augmentation. SoutenuEs par les syndicats et salariéEs de plusieurs hôtels et grands magasins, les salariéEs donnent rendez-vous à toutes celles et ceux qui veulent les soutenir tous les mardis jusqu’à ce que la direction Royal Monceau cède sur leurs revendications. Ainsi une nouvelle initiative est prévue pour mardi prochain avec une manifestation, de l’hôtel Peninsula au Royal Monceau. Plus nous serons nombreux et plus nous ferons entendre à ces exploiteurs de luxe la colère de celles et ceux qui sont les seulEs producteurs/trices de richesses.
Robert Pelletier* propriétaire, entre autres, des hôtels Royal Monceau, Peninsula et Carlton à Cannes