Alors que quelques signaux d’alarme avaient déjà mobilisé le secteur culturel et associatif ces derniers mois, dans la région Pays de la Loire et plus récemment dans l’Hérault, le budget ultra-austéritaire adopté il y a quelques semaines, associé à un climat politique et médiatique fascisant, renforce l’urgence d’une mobilisation.
Depuis quelques semaines, le secteur culturel se met en ordre de marche. De l’avis général, la diversité des profils dans ce début de mobilisation est inédite. Outre les artistes et technicienNEs du spectacle vivant et de l’audiovisuel, les artistes auteurEs sont présentEs en nombre, tout comme les étudiantEs et professeurEs des écoles d’art et de filières artistiques. Il faut également noter la présence de travailleurEs habituellement peu présentEs ou invisibles dans nos mobilisations comme les travailleurEs de l’édition, les restaurateurEs d’art, les accrocheurEs et les guides-conférencierEs. Par ailleurs, les professeuErs des écoles, collèges et lycées rejoignent également petit à petit ce mouvement.
Austérité, précarité et chasse aux pauvres
Cela est dû aux nombreux coups de boutoir donnés à des dispositifs devenus essentiels à notre survie. Tout d’abord, le gel de la part collective du Pass Culture qui remet en cause la majorité des projets d’interventions scolaires jusqu’à la fin 2025. Certaines structures, parmi lesquelles les plus modestes, voient la quasi-intégralité de leurs dates annulées de ce fait.
Ensuite, l’incertitude de la prolongation du Fonpeps (Fonds d’aide à l’emploi dans le spectacle vivant). Mis en place en 2016, il permet aux petites compagnies d’avoir une partie des salaires de leurs artistes pris en charge. Ce dispositif est essentiel pour lutter contre le travail gratuit. Son maintien n’est pas garanti au-delà de juin 2025.
Enfin, outre ces dispositifs directement liés au secteur culturel, la réforme du RSA et l’abaissement du seuil de TVA pour les auto-entrepreneurEs concernent directement nombre d’entre nous, en premier lieu, les artistes auteurEs qui n’entrent pas dans les annexes de l’intermittence, mais aussi les métiers de la culture qui ont été externalisés au fil du temps : les restaurateurEs d’art et les guides-conférencierEs sont minoritaires à être salariéEs.
Rassembler le 20 mars
Depuis deux semaines, des assemblées générales et actions ont lieu un peu partout en France. Pour y prendre part, rapprochez-vous des syndicats actifs dans ce mouvement (CGT spectacle, SNAPCGT, SNAM-CGT, Sud-Solidaires Culture, CNT-FO Culture). Comme après la période Covid, la question d’occuper nos lieux de travail se pose. À Paris, une convergence est en train de se créer avec les jeunes mineurs isolés occupant la Gaîté Lyrique. Les autorités entendent les expulser au nom de la culture, nous refusons que cette répression se fasse en notre nom ! Une grève est prévue le 20 mars prochain. Pour qu’elle soit réussie, nous devons emmener avec nous le plus de monde possible et notamment les travailleurEs moins précaires que nous.
Estelle Menu