La Poste S.A a engagé une série de réorganisations à marche forcée qui ont déjà supprimé plusieurs dizaines de milliers d'emplois et génèrent accroissement brutal des charges de travail et mal-être des postiers. Si la presse nationale se fait régulièrement l'écho des suicides, elle fait silence sur les nombreuses luttes locales qui répondent aux agressions contre le service public, l'emploi et les conditions de travail. Pour gérer ces ripostes, la direction a défini une ligne de conduite tenant en deux mots : mutisme et répression. Même lors de conflits tel que celui de Marseille, qui dura près de 120 jours, elle n'engagea de prétendues négociations qu'après 60 jours de grève ! Les grèves des bureaux d'Argenteuil, Nice, Paris 15e, 8e, etc., ont été l'année dernière révélatrices de la réactivité des postiers mais aussi de la politique de La Poste, qui impose des conflits longs (jamais moins de quinze jours) et difficiles. À l'occasion de deux mouvement, en 2009 et 2010, les grévistes des Hauts-de-Seine (92) se sont adressés aux autres postiers en multipliant les prises de parole et interventions dans d'autres départements que le leur. Passant outre les barrières géographiques (ou syndicales !) artificielles, ils ont tenté de populariser leur lutte et de regrouper, dans la grève, autour d'elle. C'est cette pratique que la direction de La Poste sanctionne aujourd'hui. Après une grève de 60 jours ce printemps, deux militants de SUD 92, Bertrand et Yann (fonctionnaires), sont aujourd'hui exclus de fonction pour un an, dont neuf mois fermes pour le premier, et deux ans dont dix-huit mois fermes pour l'autre. Un troisième militant SUD 92, Gaël (contractuel), est aujourd'hui en instance de licenciement. Après avoir été déboutée par l'inspection du travail, La Poste a fait appel au ministre du Travail pour qu'il accède à sa requête, démarche politique s'il en est. Les 20 et 27 juin, seize grévistes (dont Olivier Besancenot) passeront devant la chambre correctionnelle de Nanterre pour une prétendue séquestration. Pour ne pas être en reste, la direction vient de sanctionner deux autres militants parisiens, Olivier R. (SUD) et la secrétaire de la CGT de Paris 11e. Face à cette vague répressive sans précédent et en soutien aux postiers du 92, un collectif regroupant de nombreuses organisations des Hauts-de-Seine (SUD, CGT, FSU, PCF, GU, NPA, MPEP, LDH...) appelle à un rassemblement devant le ministère du Travail (métro Varennes) le 2 mars, à 14 heures. Erwan Piam