Alain Bourgeois, délégué CFDT à la Société nouvelle de remorquage du Havre (SNRH) est en grève de la faim depuis le 13 août, sur le port du Havre (Seine-Maritime).
La création de la SNRH découle de la libéralisation des services portuaires au niveau européen. La compagnie intervient sur le port du Havre, au côté de Boluda (ex-Abeilles).
Elle a répondu à un cahier des charges avec des obligations d’activité continue, 24h/24. Or la SNRH, en sous-effectif, ne peut les respecter. Alain se voit systématiquement refuser ses demandes de douze jours de congés consécutifs. L’inspection du travail est intervenue plusieurs fois pour rappeler à la SNRH la réglementation.
Plus généralement, Alain dénonce les conditions de travail à bord des bateaux, notamment en terme d’effectifs et de temps de travail. Chez Boluda, on compte quatorze hommes par remorqueur mais seulement dix à la SNRH. Alain est très isolé dans une entreprise qui a choisi l’épreuve de force pour faire plier un militant et ne recule devant rien (création d’un syndicat maison, pétition contre le syndicaliste, refus des observations de l’inspection du travail, répression des militants). Les salariés ont peur. Un bon nombre d’entre eux est en reconversion professionnelle, après avoir travaillé des années comme marin-pêcheur. Construire une lutte collective est particulièrement difficile, car les salariés n’habitent pas au Havre. Ils passent quatorze jours à bord, puis rentrent chez eux.
La solidarité se construit autour d’Alain (UL CFDT et CGT, CGT des travailleurs portuaires, CGT-EDF, FGTE-CFDT, ATTAC, PCF, PG, NPA). Il appartient à l’administration de faire respecter les droits des salariés de la SNRH, or elle prend aujourd’hui le parti du patron de l’entreprise et envisage même de baisser les normes en matière d’effectifs. Dans ce cas, les travailleurs de Boluda, qui ont déjà subi des réductions d’effectifs, ne resteront pas sans rien faire.
C’est la mise en concurrence et la privatisation à l’échelle européenne des activités portuaires qui est au cœur de ce conflit. La situation de la SNRH au Havre n’est pas isolée et d’autres ports doivent s’attendre à connaître une évolution comparable.