Montebourg annonçait la semaine dernière un programme de 34 « plans de reconquête industrielle » baptisé la « Nouvelle France industrielle »...Ces 34 plans bénéficieront de 3,7 milliards d’euros d’aides publiques, nouveau cadeau au patronat, même si le ministre du Redressement productif déclarait : « Cet argent n’est pas un cadeau aux entreprises mais à tous les Français. Il est surtout un investissement des contribuables français dans le « made in France » et dans les emplois futurs. »Avec Alcatel-Lucent, Gad, Fagor, Natixis, les licenciements et fermeture de site reviennent sur le devant de la scène, suscitant l’inquiétude et une colère qui va jusqu’à la menace de faire « tout sauter » pour ceux de VG Goossens, l’imprimerie placée en liquidation judiciaire à Marcq-en-Baroeul. En fait, à chaque nouvelle annonce de plan de fermeture de site et de licenciements massifs, les médias semblent redécouvrir la sinistre réalité. Entre-temps, oubliés les 1 000 suppressions d’emplois par jour, les 6 millions de chômeurs et la détresse sociale que cela entraîne. La seule pseudo embellie dans le parcours du gouvernement de gauche était due à un « bug de SMS » par SFR chargé par Pôle emploi de la relance des chômeurs pour actualiser leur situation. C’est ce qu’ils appellent le traitement humain du chômage ?Profits en hausse, emplois en baisseLes pronostics de Moscovici sur la reprise de l’économie ne sont guère pris au sérieux par les patrons. Leur seule ligne directrice est la préservation des profits et dividendes. Avec des vrais résultats ! Vingt-neuf sociétés du CAC 40 annoncent des dividendes en hausse pour 2012 : Safran (+55 %), Lafarge double son versement, Renault (+48 %), Sanofi (5 milliards d’euros de bénéfices en 2012 et une hausse des dividendes versés). Danone annonce un bénéfice de 1,8 milliard d’euros en 2012, et Carrefour, premier employeur privé de France, a multiplié ses bénéfices par trois en 2012. Pour 2013, les spécialistes tablent sur un bénéfice annuel des sociétés du CAC 40 de 74,6 milliards d’euros. Soit une hausse de 42,3 % par rapport aux 52,4 milliards de 2012.Ce qui n’empêche pas les suppressions de postes et licenciements : Renault, 15 % de ses effectifs ; Sanofi près de 1 000 postes d’ici 2015 ; Carrefour, un plan de « départs volontaires » de 533 salariés ; Danone, 900 dont 230 en France. Rien à voir avec le coût du travail. D’autant plus que les transferts d’usines hors de l’hexagone se font majoritairement vers des pays de l’Union européenne (55 %) et plus précisément de l’Europe des quinze (38 %), excluant les nouveaux arrivés depuis 2004, tels la Pologne et ses voisins d’Europe de l’Est (où le « coût » du travail est sensé être moindre). Arrivent ensuite les pays d’Afrique (24 %), puis la Chine et l’Inde (18 %).Les gesticulations de Montebourg ne servent qu’à justifier de nouveaux cadeaux au patronat au nom d’un « produisons, consommons français » qui va dans le sens des fantasmes sur les « étrangers » causes de tous nos maux, agités en permanence par Valls.Robert PelletierMontebourg (qui a confié l’un des 34 dossiers du plan gouvernemental, la filière des véhicules à pilotage automatique, à Carlos Ghosn, PDG de Renault qui supprime 8 260 emplois au nom de la préservation de la compétitivité) : « Je ne crois pas avoir été jamais brouillé avec le patronat... La grande majorité d’entre eux sait que je suis tout entier mobilisé pour la reconquête industrielle de la France »...
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