Suppressions d’emplois en cascade, précarisation massive et contournement du droit du travail : derrière les discours rassurants, la réalité sociale est celle d’une offensive patronale généralisée, dans l’industrie comme dans les services et le secteur public.
La CGT recense plus de 500 plans pour plus de 300 000 suppressions d’emplois : 700 emplois supprimés chez Brandt, 600 chez ArcelorMittal, 150 chez Novasco, 190 aux forges de Commentry, 200 chez Teisseire… À ces chiffres, il faut ajouter les intérimaires déjà remerciéEs, les CDD non reconduits, les prestataires et autres auto-entrepreneurEs sans missions.
Industrie, services, public : tous touchés
Tous les secteurs sont touchés : l’industrie et le commerce de manière visible, mais aussi les services et le secteur public. Le non-renouvellement des fonctionnaires qui partent à la retraite représente autant d’emplois qui disparaissent. Les coupes budgétaires opérées par l’État ces dernières années impactent très fortement le secteur des services, du médico-social et de la culture.
On parle là de petites structures, souvent des associations, avec un double impact : non seulement des salariéEs, majoritairement des femmes dans ce secteur, vont se retrouver au chômage, mais en plus l’accompagnement des populations déjà les plus fragilisées va encore se dégrader.
Face à l’offensive patronale…
Suppressions d’emplois en cascade, précarisation massive et contournement du droit du travail : derrière les discours rassurants, la réalité sociale est celle d’une offensive patronale généralisée, dans l’industrie comme dans les services et le secteur public.
Nous sommes dans une phase d’accélération des suppressions d’emplois, alors même que le nombre de licenciements économiques est historiquement bas : le patronat utilise à plein régime les outils que les différents gouvernements ont complaisamment mis à sa disposition.
On recense plus de 500 000 ruptures conventionnelles en 2024, 900 000 licenciements pour motifs non économiques sur les deux dernières années. Les petites entreprises de la sous-traitance, comme les structures assurant les délégations de services publics, licencient aussi. Ces changements de méthode permettent d’éviter les conflits et de contourner un certain nombre d’obligations.
Nous sommes bien dans une phase de recul économique et de destruction des outils de production : avec 564 plans de sauvegarde de l’emploi en 2024, on est au plus haut depuis 2017 avec, qui plus est, une moyenne record de 100 salariéEs par plan. Les faillites d’entreprises sont plus nombreuses que lors de la crise de 2008-2009. Et on sait que, dans la foulée des licenciements industriels, on compte trois à cinq emplois induits qui disparaissent, notamment dans les services publics et les commerces.
Toustes ensemble !
Dans plusieurs entreprises qui connaissent des suppressions d’emplois importantes, des bagarres ont lieu : Vencorex, Brandt, Teisseire, Duralex… Les primes de départ proposées par les patrons sont moins intéressantes qu’elles n’ont pu l’être par le passé, l’administration et les tribunaux valident sans surprise la plupart des plans patronaux et les réformes Macron ont considérablement réduit les possibilités de recours juridiques.
Reste donc la lutte, que ce soit pour maintenir l’emploi ou améliorer les conditions de départ. Les projets de reprise par les salariéEs sous forme de SCOP se heurtent au contexte économique qui exacerbe la concurrence. Ils sont rarement validés par des juridictions au service des patrons, qui ne souhaitent pas voir fleurir des expériences de production échappant à la logique du profit capitaliste.
Face à un patronat décomplexé, les salariéEs n’ont pas d’autre choix que de compter sur leurs propres forces pour obtenir une intervention de l’État ou des collectivités territoriales afin de maintenir l’emploi industriel et les financements des structures employeuses du secteur médico-social, sportif et culturel.
Les luttes menées restent malheureusement, pour l’instant, très isolées les unes des autres. Au-delà du recensement utile opéré par la CGT, il est urgent de mettre en lien les équipes militantes qui se battent pied à pied pour dénoncer la logique globale d’un capitalisme sauvage qui n’a que mépris pour les travailleurEs et pour objectif de faire le maximum de fric.
Il est urgent d’interdire les licenciements, d’assurer la continuité de l’emploi et des salaires pour toustes, de réduire massivement le temps de travail, de discuter de ce qu’il est utile de produire et comment le faire. C’est urgent pour qu’en 2026, nous puissions rêver et construire une société plus juste et respectueuse de notre planète.
La commission intervention sur les lieux de travail