Oui, Pôle emploi n’est plus un service public mais un organisme de contrôle et de mise à distance des chômeurs...
Dans certaines régions, la direction regroupe les agences, teste la fermeture de l’accueil certains jours, le public ne pouvant être reçu que sur rendez-vous, et supprime même la possibilité de joindre directement l’agence.Pôle emploi est démantelé par petites touches : traitement externe de documents, externalisation de la demande d’allocation, transfert de l’inscription et d’aides à la recherche à un prestataire. Cette recherche de gains de productivité a des conséquences désastreuses pour les chômeurEs : documents perdus, pièces complémentaires réclamées à plusieurs reprises…
ChômeurEs, les premiers visésLa nouvelle convention d’assurance chômage vise à faire des économies sur le dos des chômeurEs. En 1958, l’Unedic était créée, par la volonté du patronat et de FO, en opposition à une branche assurance chômage de la Sécurité sociale et pour une institution paritaire indépendante de l’État.Aujourd’hui, la CFDT, la CFTC et FO ont validé les « droits rechargeables » présentés comme une avancée permettant de cumuler les droits nouvellement acquis avec ses droits restants, à condition d’avoir travaillé au moins 150 heures. Problème : les signataires avaient omis de dire qu’avant de toucher les nouveaux droits acquis, il leur fallait d’abord épuiser les anciens droits. Ainsi des salariéEs qui avaient perdu un emploi bien payé ont d’abord été obligés d’attendre la fin de droits peu élevés, donc souvent peu payés. La Coordination des intermittents et précaires (CIP) et la CGT chômeurs ont permis de remonter massivement les situations et de faire corriger, à la marge, cette disposition. Mais s’il choisit d’être indemnisé sur la base des droits acquis pendant la période la plus récente, l’allocataire renoncera alors au reliquat des droits acquis précédemment.
Et les mobilisations ?La politique de Pôle emploi contribue à faire perdre tout sens au travail des agents : un sentiment de travail empêché qui entraîne une souffrance se traduisant par une augmentation des arrêts maladie et le retour des suicides. Une politique d’atomisation et de division du personnel, entre statuts public et privé, entre agents assurant l’indemnisation et ceux qui aident à la recherche d’emploi ou de formation, entre titulaires et contrats précaires...Engluées dans le « dialogue social » ou non représentatives, les organisations syndicales n’ont pas la volonté ou la possibilité d’impulser une mobilisation massive du personnel. Après la création de Pôle emploi, des luttes ont parfois été victorieuses concernant les conditions de travail ou la situation des précaires. Depuis, le syndicalisme de collaboration, issu de l’Assedic, a progressé avec la répression de tout syndicalisme sortant du cadre balisé.En Bretagne, à l’initiative de la CGT, Pôle emploi vient d’être condamné aux Prud’hommes avec annulation d’une mise à pied de cinq jours d’un agent accusé d’avoir indemnisé sciemment et à tort un intermittent du spectacle qui avait fourni de faux documents... Le prétexte pour déclencher de véritables « descentes » du service fraude dans le milieu des intermittentEs, des entreprises et associations culturelles.
Contre la division chômeurEs-salariéEs de Pôle emploiLa direction cherche à opposer salariéEs de Pôle emploi et chômeurEs, reprenant la procédure de l’Assedic en cas de « troubles », envahissement, occupations. Lors d’une journée d’action des associations de chômeurs début mars, les consignes étaient de se replier à l’arrière de l’agence, derrière une porte fermée par un code...Les mobilisations récentes ont pu avoir lieu grâce une convergence avec les intermittentEs pour la renégociation de la convention d’assurance chômage : occupations d’agence, actions communes à l’OCDE, participation aux AG des intermittentEs suivie d’une action de soutien avec les salariéEs de l’agence Paris Laumière en grève pour des embauches. Il faut continuer.
CorrespondantEs