Le 59e congrès de la CGT 13 s’est tenu mi-octobre devant 650 déléguéEs portant 21 677 mandats. Congrès houleux qui a un peu mis à mal l’image classique de congrès aux débats bien lisses et bien encadrés.
Dès l’entrée, de nombreux syndicats (Port, Cheminots, Poste, Finances, Territoriaux Marseille et Métropole…) jugeaient que le bureau de congrès proposé ne reflétait pas la réalité de l’UD. Une première modification, à nouveau rejetée, a accouché d’une nouvelle liste pléthorique mais tenant compte des exigences exprimées.
Rejet historique du rapport d’activité
Le rapport introductif comportait nombre de points corrects : anticapitalisme et antifascisme assumés ; refus de la marchandisation de la santé et de la gentrification du centre-ville de Marseille ; soutien sans ambiguïté à la résistance palestinienne et condamnation du génocide orchestré par le pouvoir israélien et de la logique de guerre ; appel aux luttes.
Sauf que… les critiques de la paralysie et des méthodes bureaucratiques de la direction, émises par beaucoup depuis deux ou trois ans, ne faisaient l’objet d’aucune autocritique ni de la moindre allusion.
Résultat : rapport rejeté par 9 028 mandats contre 7 152 (5 497 abstentions). Soit 56 % de refus du bilan. Historique !
Élection d’un nouvel exécutif
Même si la combativité, la tonalité « lutte de classe » et le soutien à la Palestine ont fait l’unanimité, les critiques ont largement fusé. Intervention du délégué des Marins : « Vous verrouillez les débats, c’est irresponsable de ne pas débattre entre nous, on ne veut pas de clans dans notre UD. Ce n’est ni le PC, ni LFI, ni l’ANC qui doivent nous dire ce qu’on a à dire, c’est nous ! »
Vu les débats et le rejet massif du rapport, la liste proposée pour la future CE était largement modifiée et, au bout de longues heures de débats, bureau de congrès et commission des candidatures ont proposé une nouvelle liste élue par 60 % des mandats.
Restait à élire unE secrétaire généralE autre que la candidate avancée par la direction sortante. Au final, bien que non candidat au départ, c’est Marc Pietrosino, le délégué de la FNAC, jusque-là secrétaire général de l’UL Vallée de l’Huveaune (11e-12e arrondissements), qui a été largement élu par la nouvelle CE. Un militant de terrain, non encarté, apprécié pour ses méthodes non bureaucratiques et qui avait refusé d’être détaché à 100 % lors de son élection au SG de l’UL, pour rester en lien avec le travail.
Deux mandats positifs de l’équipe sortante
À l’issue de ce congrès « délicat », il convient de préciser que, contrairement à ce qui a pu être souvent sous-entendu, le bilan de l’ancienne équipe avec O. Mateu était plutôt bon dans l’ensemble lors des deux premiers mandats. La CGT 13 agissait sur des bases clairement anticapitalistes, de lutte, antiracistes et de soutien à la Palestine. Une CGT présente dans toutes les luttes des travailleurEs du département.
De plus, cette direction avait confirmé l’ouverture de la CGT 13 aux orgas « progressistes » (FSU, Solidaires, PC, PG-LFI, ANC, NPA…), nous permettant d’intervenir lors de mobilisations publiques (têtes de manifs, rassemblements dans la rue ou dans des boîtes en lutte) et de recevoir — une première — notre camarade Philippe Poutou lors de la campagne présidentielle. Pas mal, quand même !
Ainsi, même si les deux ou trois dernières années ont pu souffrir d’un fonctionnement clos et moins démocratique, justifiant le rejet du bilan de l’équipe sortante, il serait faux et injuste de tirer un bilan totalement mauvais de celle-ci.
La nouvelle équipe, mise en place par des congressistes voulant aller au combat de classe et pour qui l’unité de la CGT 13 est primordiale dans la période, aura du travail.
Jean-Marie Battini