Publié le Lundi 8 juin 2009 à 21h33.

RSA : le retour du travail forcé 

Après les contrats aidés subventionnés par l’Etat et destinés à remplacer les titulaires par des salariés précaires et sous-payés, le RSA officialise la précarité et le salarié pauvre. 

 

 

Le RSA entérine l’idée qu’il est normal d’avoir un boulot sous-payé, à temps partiel. Plus, c’est un retour au travail forcé, en faisant occuper les boulots disponibles dans les secteurs dégradés. Le RSA repose d’abord sur l’idée que, si les chômeurs ne travaillent pas, c’est parce qu’ils n’y ont pas intérêt. Ce ne serait donc pas à cause des plans de licenciements en série et des milliers de suppressions de postes dans la fonction publique… De nombreux facteurs freinent le retour à l’emploi : problèmes de logement, de transport – les patrons sélectionnent souvent leurs salariés sur la proximité du lieu d’habitation –, garde d’enfant… Autant d'éléments qui nécessitent des mesures, comme la création massive de places en crèche, la gratuité des transports publics, etc.

Sous couvert d'un supplément de revenu pour les personnes reprenant un emploi, le  RSA dispense une fois de plus le patronat de payer correctement les salariés. Il  conforte l'argument sur le coût du travail, qui serait trop élevé, laissant à l'Etat la charge de compléter les bas salaires. Les chômeurs ou salariés éligibles gagneront en moyenne 100 euros de plus: quelle provocation, alors que des millions de travailleurs galèrent tous les jours pour boucler leurs fins de mois! Au-delà, le RSA est une opération de manipulation à grande échelle. L’objectif du gouvernement est de réduire la pauvreté, ou plus précisément les chiffres de la pauvreté : le RSA permettra de dépasser le seuil de pauvreté (882 euros), sans pour autant offrir un revenu permettant de vivre correctement. Mais Sarkozy pourra dire que la pauvreté a baissé, et le tour sera joué…

Pour vendre son dispositif, Martin Hirsch s’appuie sur des expérimentations dans plusieurs départements : selon lui, grâce au RSA, 9% de chômeurs en plus ont retrouvé un emploi. Rappelons-lui alors le bilan d’une première expérimentation, en 2008 : dans les 31 départements concernés, les emplois retrouvés ne sont pas vraiment des emplois stables (30% d’emplois aidés, 26% de contrats courts et 16% d'emplois de service ), seuls 25% ayant travaillé à temps plein (ou presque). Enfin, concernant le salaire : il est en moyenne de 600 euros par mois; avec le RSA et la prime pour l’emploi, on arrive à 900 euros…

Pôle emploi est chargé de recevoir les « bénéficiaires » du RSA et, dans le cadre de l’offre raisonnable d’emploi, il doit mettre la pression sur les chômeurs pour qu’ils acceptent n’importe quel travail. La convention proposée par Pôle emploi aux conseils généraux prévoit deux rendez vous hebdomadaires (rien de moins !). Et toute absence à convocation vaut risque de sanction. « La personne au RSA qui refuse deux fois un emploi, on coupe tout ! », avait dit Sarkozy, début 2009. Certains emplois non pourvus, notamment dans les secteurs en tension (services à la personne, où le temps partiel est la norme; la restauration et ses conditions de travail dégradées…), seront donc pourvus, de gré ou de force.