Le sommet de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur « La crise mondiale de l'emploi » s'est tenu du 15 au 17 juin à Genève.
Loin de l'OMC et du FMI, où se nouent les rapports de forces entre capitalistes et se négocient les vraies décisions, cette réunion apparaît comme le supplément d'âme d'un système dans lequel les salariés ne sont jamais qu'une variable d'ajustement, un paramètre, le premier sac de sable dont on se déleste pour que le ballon des profits reprenne de l'altitude. Avec une certaine coïncidence, l'OIT fête, cette année, ses 90 ans d'existence, en pleine crise d'un capitalisme qu'elle était censée accompagner et parer d'un visage humain.
Evidemment, le bilan des derniers mois est catastrophique pour ceux et celles qui font tourner la machine de l'économie mondiale: l'année 2009 verra de 30 à 60 millions de chômeurs de plus par rapport à 2007, soit un total officiel de près de 240 millions de travailleurs sans emploi. Et chacun connaît la relativité de telles statistiques… Ainsi, en deux ans, le chômage a doublé aux Etats-Unis et en Espagne. Mais ces chiffres redonnent espoir aux investisseurs, qui y voient le signe que les entreprises ont bien fait leur sale boulot afin de relancer les Bourses et la course aux profits. Le bureau de l'OIT vient aussi de sortir quelques chiffres dramatiques, qui n'émeuvent guère la presse: chaque jour, 5500 hommes et femmes meurent d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle et 1 million subissent un accident du travail.
Nicolas Sarkozy est venu s'indigner, à Genève, pour exiger plus de contraintes face à la marchandisation, pour citer Saint Just, s'interroger sur la taxe Tobin, déclamer que « nous aurons la justice ou nous aurons la violence ! »: de belles paroles, côté jardin, pour revenir, côté cour, à Paris, soutenir la retraite à 67 ans et les contrôles accrus contre ces « profiteurs de salariés » qui trichent sur les arrêts-maladies…