Publié le Vendredi 11 mars 2011 à 21h15.

SNCM : non au démantèlement de la compagnie et au low cost !

La grève des marins assurant la liaison entre la Corse et le continent a débuté le 31 janvier. Quatre semaines plus tard, 80 % du personnel assurant la navigation était toujours en grève, bien que la direction ait tenté au cours du week-end des 26 et 27 février de forcer la reprise du trafic à Marseille en embarquant des non-grévistes et en prétendant faire débarquer les grévistes occupant les navires. Samedi 5 mars, le bras de fer se poursuivait et les navires – quatre à Marseille et un à Bastia – étaient toujours occupés et immobilisés à quai. L'enjeu du conflit engagé par les marins CGT contre la direction de la compagnie, dont Veolia Transport possède 66 % du capital et l'État 25 %, porte sur le démantèlement de la flotte. En 2010, un long conflit avait abouti après 24 jours de grève à ce que la direction prenne des engagements en matière de renouvellement des navires et de maintien des activités. C'est la remise en cause de ces engagements qui a mis le feu aux poudres, notamment avec l'annonce du non-remplacement du Navire grande vitesse (NGV) Liamone assurant le transit Nice-Corse. Mais le conflit couvait. Dans un contexte de déréglementation générale du transport maritime, c'est tout l'avenir de la compagnie et des 2 000 emplois qu'elle pourvoit, qui sont en cause. Pour les grévistes, le directeur général Marc Dufour (ancien patron d'Air Littoral) est là pour « découper la compagnie » et engager un plan social d'ampleur. De fait le conflit s'inscrit dans un contexte marqué par la concurrence accrue du low cost maritime depuis la privatisation de la SNCM en 2005. Or, comme dans le secteur aérien, les compagnies low cost ne sont rentables que grâce aux subventions qu'elles perçoivent de la part des collectivités publiques tout en naviguant sous des pavillons qui leur permettent de casser les coûts salariaux et la protection sociale des marins (c'est le Bolkenstein de la mer). C'est le cas de la Corsica Ferries, compagnie low cost qui perçoit des subventions « en volume », au titre de l'aide sociale aux passagers, sans contrôle réel sur les passagers transportés et alors qu'elle assure essentiellement un trafic de tourisme estival. Les logiques de concurrence capitaliste s'appliquent donc sans limite à présent et pèsent directement sur les conditions de travail, de rémunération et d'emploi de tous les travailleurs du secteur du transport maritime. La grève dure des marins de la SNCM est un autre conflit exemplaire auquel il faut donner l'écho qu'il mérite et qu'il faut soutenir.Manu Arvois