Le gouvernement multiplie ces attaques, notamment sur la durée légale du temps de travail. C'est dans la direction opposée qu'il faut aller, en reduisant le temps de travail hebdomadaire à 32 heures pour éradiquer le chômage.
Lors de son discours à Versailles, Sarkozy a été très clair. Il ne changera en rien sa politique antisociale. Au contraire, il va l’accélérer: suppressions massives d’emplois dans la fonction publique, privatisation de la santé et de La Poste, retraites, travail du dimanche. Les contre-réformes s’enchaînent, malgré le fait que la grande majorité de la population rejette la politique économique et sociale du gouvernement.
Au centre de son offensive, il y a un projet qui lui tient particulièrement à cœur, commencé dès l'arrivée de Sarkozy au pouvoir : la remise en cause de la durée légale du travail. Cette durée a été attaquée, entre autres, par la défiscalisation des heures supplémentaires et la mise en place de toute une série de dispositifs aboutissant à faire de l’entreprise le lieu où se décide la durée réelle du temps de travail, développant ainsi les inégalités entre les salariés. Mais cela n’est pas suffisant pour le gouvernement et le patronat.
L’été 2009 sera donc le début d’une nouvelle offensive contre les acquis sociaux de l’ensemble du monde du travail et, en particulier, contre la durée légale du temps de travail. Après le pavé dans la mare d’Hortefeux, repris haut et fort par Fillon à propos du recul de l’âge de la retraite à 67 ans, et l’adoption par une procédure d’urgence, mi-juillet, d’une loi étendant et banalisant le travail du dimanche, on voit très bien ce qu’ils veulent faire. Nous faire travailler toujours plus, plus longtemps, plus vieux, le dimanche, la nuit, les jours fériés et, pourquoi pas, pendant les congés de maternité ou les arrêts maladie.
Au moment même où l’Insee prévoit, cette année, la destruction de plus de 700000 emplois, où le chômage touche l’ensemble des salariés, que l’on soit en contrat à durée indéterminée, déterminée ou en interim, ou que l’on soit employé ou cadre. L’urgence n’est pas de faire travailler plus ou plus longtemps, mais bel et bien de travailler moins pour travailler toutes et tous. C’est une question de choix de société !
Le combat pour la réduction massive du temps de travail s’appuie en effet sur des exigences élémentaires, mais il s’oppose frontalement au capitalisme, qui génère plus que jamais de l’exclusion. La réduction du temps de travail et l’interdiction des licenciements posent donc concrètement la question de la démarchandisation de la force de travail. Mais celle-ci se heurte immédiatement à deux obstacles : la répartition des richesses et le droit de propriété. Sa mise en œuvre passe par une contestation pratique des rapports sociaux à l’intérieur même des entreprises sous forme d’un contrôle exercé par les salariés sur les embauches, les conditions et l’organisation du travail. Elle s’appuie, dans le même temps, sur la garantie de ressources des travailleurs et la continuité du revenu, qui implique un changement radical dans la distribution des richesses.
L’urgence est donc de défendre la réduction du temps de travail sans perte de salaire, sans annualisation ni flexibilité, et avec embauches proportionnelles. A l’heure actuelle, les salariés à temps plein travaillent en moyenne 35,55 heures par semaine. En réduisant à 32 heures le temps de travail, on arriverait à une progression de 11 % de l’emploi, ce qui permettrait d’en finir avec le chômage. Mais, pour cela, d’autres choix sont nécessaires et c’est à nous de les imposer. Il y a urgence à instaurer un rapport de forces pour faire reculer le gouvernement. Il est nécessaire que l’ensemble de la gauche sociale et politique se retrouve sans préalable pour mettre en avant une plateforme revendicative autour de la question centrale de l’emploi, de la réduction du temps de travail, mais aussi de celle des salaires et des retraites.
Sandra Demarcq