Publié le Vendredi 19 novembre 2010 à 11h05.

Un professeur de violoncelle en résistance

Après onze CDD à l’École de musique du Penthièvre (Côtes-d’Armor), le contrat d’Armand Zvénigorodsky, professeur de violoncelle, n’a pas été renouvelé. Une autre contractuelle (celle-là même qui l’avait remplacé lors d’ un arrêt maladie au printemps dernier), a été nommée à sa place par Loïc Cauret, président du Smivu et maire PS de Lamballe. De ce fait, 21 élèves de sa classe sur 24 ont choisi de ne pas se réinscrire cette année à l’École de musique. Ils veulent continuer à apprendre le violoncelle avec leur professeur. Des cours gratuits « de résistance » ont commencé en début d’année. Un comité de soutien à Armand Zvénigorodsky, a été créé, regroupant déjà plus d’une centaine d’adhérents. Site internet, page face­book, tracts, les membres du comité multiplient les actions pour réclammer la réintégration du professeur. Après onze ans, une lettre simple a informé Armand du non-renouvellement de son contrat. Sans la moindre explication. Il est vrai que le climat à l’école de musique s’était fortement dégradé : mise en cause du syndicat des profs par le directeur, auprès des non-syndiqués créant une ambiance de chasse aux sorcières ; lettre de délation contre un syndiqué, entraînant un entretien préalable à sanction (qui ne déboucha finalement sur rien vu la nullité du dossier), décisions pédagogiques causant des bouleversements importants pour le personnel et les élèves, prises sans aucune concertation et annoncées aux parents d’élèves avant même les profs... On a ainsi vu des élèves apprendre à leur prof que l’ensemble qu’il encadrait serait supprimé (et la part de salaire qui allait avec...). Le directeur, qui n’a pas hésité à faire l’éloge en conseil pédagogique de Jacques Médecin, l’ancien maire de Nice qui disait partager 99,9 % des idées du FN, en direction de son subordonné d’alors, Armand Zvénigorodsky, dont tout le monde connaissait l’engagement antiraciste, a fini par partir, après un an. Reste la décision de Loïc Cauret (le directeur ayant avant de partir, rejeté l’entière responsabilité de cette décision sur l’élu). L’élu PS qui préside aussi le centre de gestion, la communauté de communes, etc. a donc pris la décision seul, sans même en informer la plupart des autres élus membres du syndicat mixte qui gère l’école de musique, et qui l’apprennent finalement par la presse. Une première pétition, en direction des usagers, du monde de la musique a recueilli près de 300 signatures. Une deuxième vient d’être lancée, notamment sur internet. Elle ouvre le débat sur la précarité et la permissivité des lois laissant aux collectivités publiques la possibilité d’employer des salariés pendant des années en CDD et d’en interrompre le renouvellement sans justification. Car le cas d’Armand n’est pas isolé ! Des milliers de travailleurs sont pris dans l’étau de la précarité et des CDD renouvelés dans les fonctions publiques, à la merci de décisions non motivées de leur employeur, un politique. Armand a été candidat de la LCR aux dernières législatives, face à Loïc Cauret. Il a été candidat NPA aux régionales. Il est militant antiraciste, syndicaliste. Et en l’absence de justifications de la part du président de l’école de musique, on ne peut que se questionner. Signez la pétition ! www.comite-de-soutien-a-armand.com