Alain Poret est élu CGT à la centrale thermique du Havre.
Comment le mouvement a démarré à la centrale ?
Deux choses ont mis le feu aux poudres. D’une part, l’annonce des résultats de l’entreprise pour 2009 et l’augmentation du salaire des PDG (900 000 euros pour celui d’EDF et 3,2 millions pour celui de GDF Suez), et, d’autre part, l’annonce quasi-simultanée de nos misérables 0,3% d’augmentation pour cette année. Du coup, le 20 avril, les salariés ont refusé le redémarrage de deux tranches de la centrale, autour de la revendication de 5% d’augmentation, d’une prime de 1500 euros et du relèvement des taux de promotion. Le même jour, ils étaient rejoints par les salariés de la manutention ce qui a provoqué l’arrêt de la dernière tranche. Depuis, la centrale est totalement arrêtée et, aujourd’hui, c’est la même situation dans huit des dix centrales charbon que compte le parc EDF.
Comment la direction a-t-elle réagit ?
Les directions ont riposté, tant à la distribution qu’à la production, par la remise de lettres de menace de sanction. Du coup, le 28 avril, à la suite d’une AG commune des deux secteurs, une centaine de salariés se sont « invités » dans le bureau du directeur, franchissant allègrement les barrières, pour exiger le retrait immédiat des menaces.
L’action a conduit à l’ouverture de négociations locales. Les thèmes du cahier de revendications abordés portent sur la promotion des agents de manutention et des techniciens, la réorganisation des services, la mise en place d’une crèche interentreprises et le logement des jeunes salariés.
Quelle est l’attitude des fédérations syndicales ?
Nationalement, les cinq fédérations agissent dans l’unité, même si le poids de la CGT est évidemment décisif dans le secteur. Le principal problème que nous rencontrons est le manque d’informations sur ce qui se passe sur les différents sites, et, bien sûr, le manque d’impulsion, de coordination et d’une stratégie pour le mouvement. De ce point de vue, l’AG commune de la production et de la distribution du Havre propose une journée nationale d’action avec montée à Paris. Pourquoi pas le 20 mai, jour de l’AG des actionnaires à Paris ?
Propos recueillis par Pierre Jeanne