Au moins 292 mortEs, plus de 400 blesséEs, des villages en ruine, des milliers de personnes à la rue, vivant dans le dénuement sous les tentes installées par les secouristes... Le tremblement de terre qui a frappé le nord de l’Italie est un des plus importants qu’ait connu le pays.
Le Premier ministre Matteo Renzi a annoncé un vaste plan de prévention, Casa Italia : « L’Italie doit avoir une vision qui ne se limite pas à la gestion des situations d’urgence », ajoutant « nous ne voulons pas que ce soit, comme par le passé, des paroles en l’air ». Un aveu sur la politique de l’État italien, des paroles en l’air...
Bien évidemment, personne ne peut prévoir ni empêcher les séismes, mais l’Italie étant à la jonction de plusieurs plaques tectoniques, les tremblements de terre y sont inéluctables. Selon une agence officielle, 40 millions de personnes vivent dans une zone à risque avec une majorité des bâtiments incapable de résister à un tremblement de terre, y compris des écoles ou des hôpitaux. Et seules 30 % des maisons italiennes respectent aujourd’hui les normes... À Amatrice, au cœur du séisme, même une école récemment construite s’est effondrée. Des soupçons se portent sur des entrepreneurs peu scrupuleux, en particulier à l’encontre d’une grosse entreprise qui a déjà été mise en cause dans une enquête pour corruption dans la reconstruction post-tremblement de terre de L’Aquila en 2009... Certains évoquent des malversations. Le parquet de Rieti, ville de la région sinistrée, a ouvert une enquête pour « homicide involontaire ».
Dans un pays qui a subi au moins huit séismes dévastateurs au cours des quarante dernières années, c’est-à-dire en moyenne un tous les cinq ans, l’État est resté indifférent. Selon l’Association italienne des constructeurs, le coût total des tremblements de terre depuis 1968 s’élèverait à plus de 180 milliards d’euros, alors qu’il suffirait de 100 milliards d’investissements pour améliorer la sécurité face au tremblement de terre en construisant des infrastructures capables de résister à des secousses de magnitude élevée. C’est techniquement maîtrisé et possible. C’est un problème de coût et surtout de volonté politique pour être capable d’agir à long terme hors des calculs d’économie, de rentabilité financière, de profits privés, qui ont un coût social et humain, en Italie comme ailleurs, exorbitant.
Yvan Lemaître