Organiser un tel « bal » lundi 13 juillet, au milieu du pont du 14 juillet, était une petite gageure. Le collectif anti-répression, qui regroupe des organisations syndicales (Solidaires et plusieurs fédérations SUD, des fédérations ou des syndicats CGT, la Confédération paysanne…) et des partis politiques dont le NPA, a osé.
Sur l’esplanade du parc de Belleville avec l’aide d’une association de quartier qui avait aussi fait connaître cette initiative, nous avons installé une scène, des stands pour se ravitailler autour d’un « poulet thaï » spécialité de Sud Rail, un barbecue et une buvette. Plus de 400 personnes en ont profité tout au long de la soirée.
Les différentes prises de paroles ont permis de dénoncer les diverses facettes de l’offensive patronale et gouvernementale contre le monde du travail, contre toutes celles et ceux qui veulent résister. Des inculpés de Tarnac, qui ont une prochaine échéance judiciaire en 2016, ont démonté les méthodes de l’appareil de répression policier et judiciaire. Condamné à deux mois de prison fermes et 4 mois avec sursis suite aux manifestations de solidarité avec les anti-barrage de Sivens après la mort de Rémi Fraisse, Gaëtan a dénoncé les interdictions de plus en plus fréquentes du droit de manifester. Une représentante des Roses d’acier (collectif de prostituées chinoises sans-papiers de Belleville) a raconté leur mobilisation contre le harcèlement policier visant à « nettoyer le quartier ». Puis Yann, postier révoqué pour activités syndicales, a rappelé que si son cas était une première depuis 1951, le harcèlement et le licenciement des syndicalistes et des salariéEs qui luttent sont les méthodes habituelles de La Poste. Enfin Fred, qui a porté plainte pour une grave blessure à l’œil assénée par un coup de matraque policière pendant une manif de solidarité avec les migrantEs à Paris, a rappelé les responsabilités de l’État français dans les migrations et dénoncer l’offensive contre les migrantES et leurs soutiens pour les rendre invisibles.
Ne pas baisser la tête
Après un premier set musical, deux militantes de la Confédération paysanne inculpées pour leur combat contre la ferme des Millevaches, ont décrit les enjeux écologiques et sociaux de la lutte contre l’agriculture productiviste. Un enseignant d’un collège de Colombes menacé de sanctions disciplinaires pour avoir fait grève en défense de l’Éducation prioritaire est revenu sur le combat similaire des enseignants de Bellefontaine à Toulouse dont une enseignante est en grève de la faim depuis 23 jours pour exiger l’annulation des sanctions. Enfin des militantEs de No border à Calais, du collectif 8 juillet de Montreuil qui regroupe les victimes de flashball, sont brièvement intervenus avant de laisser la place au bal entraîné par le groupe Souleymane Thiello.
La preuve que la lutte contre la répression crée de la chaleur et peut même être festive, ce qui donne une raison de plus au collectif de poursuivre son action.
Manon Boltansky et Cathy Billard