Publié le Vendredi 28 mai 2010 à 21h48.

L'épopée du roi Pelé

 

Edson Arantes do Nacimento, plus connu sous le pseudonyme de Pelé, est le seul joueur de football au monde à avoir remporté 3 titres de champion du monde (1958, 1962 et 1970). Il aurait certainement pu en remporter 4 s’il n’avait été blessé en 1966. Le Brésil, pays de la samba et du football (on dit souvent le football-samba) devra attendre 1994 avant de remporter de nouveau le fameux titre de champion du monde. Ainsi, sur les 5 titres du Brésil (en rajoutant celui de 2002), Pelé a participé à 3 d’entre eux. Et sur les 4 championnats du monde auxquels il participe, il en remporta 3. Suffisant pour en faire un Roi.

Considéré comme le plus grand footballeur de tous les temps, le brésilien Pelé est déjà sélectionné à l’âge de 17 ans dans l’équipe nationale du Brésil. C’est en Suède, lors de la coupe du monde de 1958 que le monde découvre Pelé. Malgré son jeune âge, le jeune noir marqua à jamais les mémoires en inscrivant 6 buts en 3 matchs (seul le français Just Fontaine, avec 13 buts a fait mieux lors de ce championnat). Le style de Pelé, sa maîtrise de la technique, son sens de la samba, éclipsent alors tous les participants. A 17 ans, Pelé est couronné Roi du ballon rond. Il en héritera de nombreux ennemis qui useront de tous les moyens et stratagèmes pour l’arrêter, y compris la violence. Pour battre le Brésil, il fallait éliminer Pelé. Lors de la coupe du monde de 1966, ce sont les agressions des défenseurs adverses et le laxisme des arbitres qui auront eu raison de l’équipe du Brésil qui se ressaisit 4 ans plus tard en rajoutant un troisième titre à son palmarès.

Pelé a aussi été lui aussi victime du racisme ambiant de l’époque malgré sa notoriété et son talent. A une époque où les Noir-e-s subissaient le colonialisme en Afrique et de nombreux préjugés couraient sur leur incapacité à s’affirmer, Pelé démontra que le talent est universel et surtout partagé par tous les humains puisque des foules immenses se sont déplacées lors du championnat mondial de Suède pour admirer ce jeune prodige noir. Ce qui n’était pas pour plaire à tout le monde. En 1962, alors que la plupart des pays africains accédaient à l’Indépendance, la supériorité de l’équipe du Brésil, composée d’hommes de toutes les couleurs, portée par des noirs comme Pelé, était pour beaucoup d’Africain-e-s un exemple à suivre. Il y avait bien des domaines où la soi-disant «supériorité» des pays colonisateurs n’était pas affirmée. C’est certainement la raison pour laquelle le Brésil était aussi le pays avec lequel les Africain-e-s avaient des affinités très fortes. Le symbole porté par cette équipe qui faisait d’un noir son Roi était très fort pour l’Afrique indépendante. Cette Afrique, qui venait de se libérer du joug de la colonisation avait besoin de symboles forts d’autant plus que la plupart des hommes qui ont porté l’espoir à cette époque ont été assassinés par les forces occultes du néocolonialisme. Le boxeur américain Mohamed Ali, Pelé et bien d’autres sportifs porteront le flambeau de l’Afrique car il était évident pour beaucoup d’Africains que ces noirs de la diaspora étaient aussi des leurs.

La carrière professionnelle de Pelé s’est surtout déroulée au Brésil, avec l’équipe du Santos Football Club. Malgré sa notoriété, Pelé est pourtant contraint à l’exil afin de mieux gagner sa vie. A cette époque, les footballeurs n’étaient pas encore des Dieux vivants payés à coup de millions d’euros. Il s’installe alors à New York en 1975 et signe un contrat avec le New York cosmos. Pelé y contribue à l’essor du soccer (football en américain) aux États- unis où le football reste un sport moins pratiqué que le basket-ball ou encore le football américain. Malgré quelques difficultés au début, Pelé finit par remporter son premier titre américain le 27 août 1977. C’est d’ailleurs cette année que Pelé choisit pour arrêter le football, 6 ans après sa retraite internationale en 1971. Cet artiste du ballon rond, qui n’a connu que 2 clubs, organise alors une rencontre entre le Santos FC (son ancien club du Brésil) et le New York Cosmos. Il joue la première mi-temps avec son dernier club et la seconde avec son ancien club du Brésil. Emu aux larmes devant 75000 spectateurs, Pelé tira alors sa révérence.

Élevé au rang de meilleur joueur mondial du siècle par la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) et d’athlète du siècle par le comité international olympique, ambassadeur des Nations Unis et de l’Unesco, Pelé a su mettre le sport au service des hommes et de la paix. Ministre des sports du Brésil entre 1995 et 1998, il sera l’ambassadeur international de son pays pour la coupe du monde qui se déroulera en 2014 au Brésil. Cela pourrait être l’occasion d’un 6ème titre pour le Brésil et un 4ème pour Pelé (en tant que père spirituel)? Peut être bien. En attendant, bien sûr, que la coupe du monde de 2010 revienne enfin à un pays africain.

Moulzo