Après les hommages et les indignations légitimes suite à l’assassinat des deux policiers à Magnanville dans les Yvelines, la surenchère « sécuritaire » ne s’est pas fait attendre de la part du gouvernement, de la droite et de l’extrême droite...
Après le drame de Magnanville, le débat sécuritaire cher à certains a bel et bien été relancé.
De Ciotti à Le Pen
De Sarkozy à Juppé, toute la droite s’est relayée pour à la fois demander des comptes au gouvernement et exiger toujours plus de sécuritaire. Ainsi, Sarkozy a donné le ton en demandant à l’exécutif d’adapter « sans délai le niveau de vigilance », tandis que le toujours « modéré » Éric Ciotti reprenait la proposition de Laurent Wauquiez de créer des « centres de rétention » pour les individus « fichés S », précisant qu’elle ne visait que les islamistes les plus dangereux... Ciotti estime aussi que la rétention peut être envisagée si les individus radicalisés sont traités comme des malades mentaux : « Un fou peut être enfermé par le préfet sur la base d’un arrêté d’hospitalisation d’office. Pourquoi ne pas envisager cette procédure pour les terroristes ? », s’interroge l’élu des Alpes-Maritimes.
Pour Marine Le Pen, « le massacre de ce couple de policiers devant leur bébé est le crime de trop. La lutte, implacable, contre l’islamisme doit enfin commencer »... Marion Maréchal Le Pen est allée dans le même sens, estimant que « la vraie lutte contre le fondamentalisme n’a pas été engagée. […] Nous ne pouvons plus nous contenter de filtres sur les profils Facebook, nous ne pouvons plus nous contenter des fleurs et des bougies. Si nous sommes en guerre, alors il faut la mener cette guerre ». C’est dans ce sens que le FN demande l’application de l’article 411-4 du code pénal, un article qui punit d’un maximum de trente ans de détention et de 450 000 euros d’amende le fait d’« entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère […] en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France », ou d’en fournir les moyens. Une revendication déjà portée par la droite il y a quelques mois...
De Valls à Cazeneuve
Face à cette surenchère, Valls a promis de ne pas se laisser entraîner dans ce sens... pour ensuite marteler son bilan législatif en matière de sécurité (deux lois sur le terrorisme, deux lois sur le renseignement...). « Nous n’allons pas adopter à chaque fois une nouvelle mesure », a-t-il défendu, indiquant tout de même qu’« il faut mettre tous les moyens dans l’action répressive et agir contre la radicalisation ».
Aussi le gouvernement a d’ores et déjà accepté l’une des revendications des syndicats policiers : que ceux-ci puissent être armés en dehors de leur service. Une mesure déjà effective durant l’état d’urgence (qui se termine officiellement le 26 juillet), et qui donc sera pérennisée au-delà. C’est aussi une vieille revendication de la droite et de l’extrême droite...
L’opportuniste Cazeneuve en a aussi profité pour affirmer haut et fort « l’indignation qui est la mienne face aux propos qui sont tenus depuis des semaines à l’égard des policiers, dont on a vu à quel point ils paient un lourd tribut », en profitant donc pour en coller une tant à la CGT et ses affiches anti-flics qu’à l’ensemble des manifestantEs contre la loi travail. Amalgames dégueulasses...
Et Valls, jamais en reste, a toujours le dernier mot. Évoquant pêle-mêle « les violences qui ont eu lieu, l’attentat odieux contre le couple de policiers, mais aussi la tenue de l’Euro », il estime que « les organisateurs devraient annuler eux-mêmes » les manifestations des 23 et 28 juin contre la loi El Khomri...
« Sbires stupides ! Votre "ordre" est bâti sur le sable », écrivait déjà Rosa Luxemburg il y a près d’un siècle.
Sandra Demarcq