Petite mise en situation... Vous sortez de chez vous après une heureuse grasse matinée, il fait enfin beau. Dans le hall de l’immeuble, vous croisez la voisine sympa du 4e qui vous demande, souriante, comment vous allez. Une seule réponse vous vient : « J’ai connu mieux... », et l’envie de l’envoyer bouler. Ou bien encore, un collègue que vous appréciez vous propose enfin, enthousiaste, un projet de travail intéressant. Pourtant, rien ne peut empêcher les larmes de monter et ce sentiment de vous envahir : rien ni personne ne vous comprendra jamais vraiment. Dernier indice : ce truc lourd, dans le bas du ventre, qui vous fait vous sentir moche et mal à l’aise dans n’importe quelle position. Certaines d’entre vous ont compris : les règles arrivent demain. Voilà quelques années maintenant que ce genre d’épisode a revêtu le statut de souvenir pour moi : mon gyneco m’a prescrit LA pilule faite pour celles qui comme moi fument, ont dépassé les 35 ans, et n’ont jamais accepté ces foutues règles comme une fatalité de leur identité sexuelle. Elle se prend tous les jours (en voilà, une belle contrainte inégalitaire) : plus de règles ! Je n’ai pas versé une larme sur cette disparition, n’ai pas été bouleversée un seul instant par ce changement ni subi de troubles de l’identité depuis, pour la simple raison qu’il m’a paru complètement légitime de ne plus souffrir... Non, les règles n’ont jamais lavé de quoi que ce soit, n’ont jamais identifié qui que ce soit, et parfois, j’em... la nature. CherE lecteur-lectrice, si toi aussi tu en as marre qu’on voie ton nez au milieu de ta figure, si tu ne veux plus culpabiliser quand tu ouvres ton frigo ou que tu oublies la fête des mères, bref si tu as repéré une norme qui te pourrit l’existence, ton témoignage est le bienvenu. Si en plus tu as adapté le piège à ours à cette nouvelle chasse ou inventé un nouveau miroir aux alouettes, contacte la rédaction de Tout est à nous ! qui se chargera de sa (re)production à grande échelle. Toi aussi devient unE serial norm killer-euse.