Hollande, prenant devant le Congrès la posture de Bush, et dans le forme et dans le fond, a déstabilisé la droite bien en peine d'exister politiquement entre le « virage sécuritaire » de Hollande et le FN. D'autant que les élections régionales et surtout les rivalités pour la présidentielle obligent les principaux rivaux à jouer leur petite musique alors qu'ils n'ont rien à dire, ou à exacerber les tensions pour masquer leur vide politique en espérant tirer avantage du désordre ambiant alors que la population est en état de choc. Droite et extrême-droite ont la même démarche combinée aux surenchères sécuritaires.
« L’unité dans le deuil, d’accord. Mais pas d’unité politique »
Pour Sarkozy, pas question de tomber dans le piège tendu par Hollande cherchant à s'imposer au dessus des partis. Exister à tout prix en incitant ses députés à attiser les tensions sur le thème « trop de temps a été perdu » et celui des surenchères sécuritaires. La séance de mercredi à l'Assemblée nationale discutant de la prolongation de l'état d'urgence a ainsi tourné au psychodrame. Ce petit monde si prompt à faire la leçon et à se draper dans l'union nationale s'est déchiré avec enthousiasme. “Il y avait peut-être plus un climat de campagne électorale à l'Assemblée (...) qu'une volonté de garder cette unité nationale qui est indispensable”, commentait Bartolone, Président de l'Assemblée, lui-même tête de liste en Île-de-France...
« L’union nationale est là chez les Français, chacun doit faire preuve de responsabilité », répond en critique de Sarkozy Xavier Bertrand alors que Juppé pose à l'homme raisonnable, insistant lui aussi sur le respect de l'union nationale. Il juge que « la droite avait sans doute eu tort de réduire d’une dizaine de milliers » de postes dans la police et la gendarmerie reprenant à son compte la critique de Valls pour se réjouir de la promesse faite par Hollande de 7000 embauches dans la police et la gendarmerie. Bruno Le Maire plaide lui pour l’envoi de troupes françaises au sol en Syrie alors que Laurent Wauquiez propose de placer les 4 000 personnes vivant sur le territoire français fichées et suspects d'activité terroriste dans des centres d’internement antiterroristes spécifiques...
« désarmer les banlieues »....
Les uns et les autres courent après Le Pen qui s'est démarqué dés sa sortie de l’Élysée le 15 novembre. Depuis, Hollande a repris l'essentiel de ses propositions, déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de djihadisme, fermeture des mosquées radicalisées, renforcement « des moyens accordés à l’armée, à la police, à la douane », armement des polices municipales… Et elle soutient la prolongation de l'état d'urgence pendant trois mois, en demandant à ce qu'elle “serve à aller désarmer les banlieues, perquisitionner, aller chercher les armes qui pullulaient déjà sous le mandat de Nicolas Sarkozy - qui n'avait pas tenu sa promesse à l'époque - et qui continuent à pulluler.” Et, dans la foulée, elle demande un rétablissement définitif des contrôles aux frontières pour partir en guerre contre les migrants. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants » prétend-elle pour dénoncer la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ». C'est simple, les migrants, c'est le terrorisme ! Cette propagande nauséabonde, haineuse voudrait détourner à son profit le désarroi de la population en flattant la peur pour cultiver racisme et xénophobie. La politique du FN est le symétrique de celle des fondamentalistes religieux, la voie la plus sûre pour accentuer les tensions et alimenter les haines dont il a fait son fond de commerce.
Yvan Lemaitre