L’université d’été du Front national à Marseille, le week-end dernier, a été l’occasion pour Marine Le Pen de tenter d’imposer son parti comme « la seule force capable de susciter l’espoir et de permettre aux Français de reprendre leur destin en main ». « Nous sommes au cœur des discussions de l’UMPS »... Le FN serait devenu « incontournable ».
Pour capter les voix des classes populaires, de la gauche, écœurés par Hollande-Ayrault, le FN prétend qu’il serait la seule opposition contre le gouvernement après l’avoir été contre Sarkozy. Florian Philippot chante déjà victoire : « 2014 sera décisive dans l’histoire du Front national ! Elle va être notre année zéro, le vrai point de départ vers notre accession au pouvoir. » Il se flatte d’avoir déjà désigné 623 têtes de liste, en revendiquant plus de cent transfuges issus de l’UMP, du Modem et même du PS. Il se fixe l’objectif de plus de 1 000 élus dans les conseils municipaux. « Des villes vont tomber et on va montrer qu’on est capables de bien les gérer », assure-t-il. Pour tenter d’effacer les magouilles financières de Vitrolles et Toulon dans les années 90, il rassure : « Nous sommes un parti qui s’est professionnalisé, qui a formé des candidats », un parti « sérieux et bientôt majoritaire »... Le bluff et la méthode Coué sont au goût du jour au FN !
Rallier tous les mécontents
À la veille de son université d’été, Marine Le Pen avait lancé une « charte d’action municipale ». Il s’agit de fixer « le cadre politique d’éventuels accords ou alliances à l’occasion des élections municipales de mars 2014 ». Ce texte se veut « une main tendue adressée à tous les candidats ou futurs candidats désireux de servir l’intérêt général et souhaitant coopérer avec le Front national et ses représentants » qui « sont favorables à des accords locaux et la constitution de listes communes de candidats aux élections municipales avec des individus ou des organisations ». À condition de respecter dix principes : « refuser toute augmentation de la fiscalité pendant toute la durée du mandat », « défendre rigoureusement la laïcité républicaine dans tous les secteurs de la vie municipale », « agir pour assurer la tranquillité et la sécurité, première des libertés » ou encore « engager fermement et rapidement toutes les actions possibles visant à mettre fin aux installations sauvages de nomades ». Le FN écarte tout accord avec l’UMP mais est ouvert aux « patriotes »... Il s’agit d’obtenir des mairies ou du moins le maximum d’élus. Les sondages lui donnent une moyenne de 16 % au premier tour. Plus d’un tiers des Français disent se sentir « proches des idées » de Marine Le Pen, selon un sondage Ifop. Cette dernière rêve ainsi de rallier tous les mécontents en flattant les démoralisations par une démagogie chauvine, antieuropéenne, xénophobe et raciste. « Entre la politique menée par François Hollande et celle menée par Nicolas Sarkozy, c’est la continuité. […] Les Français sont prêts aujourd’hui à tourner le dos à tout cela. [...] Nous, nous sommes unis, nous avons des projets, des cadres et un leader qui n’est pas contesté. »
Alors que les digues que l’UMP prétendaient maintenir contre le FN cèdent de partout, ce dernier rêve de s’imposer comme axe de la vie politique. Il y a urgence à ce que le monde du travail se mêle enfin du débat, comme l’ont fait toutes celles et ceux qui ont manifesté samedi dernier à Marseille.