En 1976, la Ligue communiste révolutionnaire fonde l’imprimerie Rotographie à Montreuil. Pour produire « Rouge », son quotidien, mais aussi pour doter le mouvement ouvrier d’un outil utile aux luttes.
Parmi les camarades qui se lancent dans l’aventure, il n’y a pas unE seulE imprimeur de profession, mais qu’importe. Cela s’apprend.
Imprimer en toute indépendance
Il s’agit avant toute chose de faire tourner les machines. De la composition à la photogravure, de l’impression au façonnage, il faut se former à tout. Même les travaux d’aménagement et d’entretien du bâtiment reposent sur les travailleurEs de l’imprimerie.
C’est un maigre prix à payer pour une précieuse indépendance. Dans un contexte où les imprimeurs sont responsables pénalement de ce qu’ils impriment, alors que la Ligue a déjà été interdite à deux reprises par le passé, imprimer soi-même, c’est la garantie de pouvoir imprimer ce qu’on veut. Le journal d’un parti révolutionnaire, son matériel électoral lorsque la Ligue, puis le NPA, présentent des candidats aux présidentielles, ou encore les publications de camarades à l’étranger, censurés dans leur pays d’origine.
Un espace autogéré
À l’imprimerie, il n’y a ni chef ni patron. Travailler à Roto, c’est faire l’apprentissage d’une gestion démocratique de son lieu de travail, avec ses joies et ses peines, ses limites et ses échecs. Mais toujours avec enthousiasme et conviction !
Dans la tradition des conseils ouvriers, on tient des réunions d’atelier pour discuter des conditions de travail, des horaires, des cadences et des salaires. Pendant une période, on édite même un journal interne, à destination des travailleurEs de l’imprimerie, où les différents ateliers s’expriment et débattent.
Mais l’autogestion, pour Roto, c’est aussi la diffusion de son propre modèle et l’aide à la création d’autres imprimeries, comme cela a été fait en Kanaky dans les années 1980.
L’imprimerie de toutes les luttes
Dès la fondation de Rotographie, la LCR choisit d’ouvrir son imprimerie aux autres organisations du mouvement social. Il ne fait pas sens de la garder pour soi ! Une volonté qui s’affiche jusqu’en manifestation, quand les travailleurEs de Roto — jusqu’à une trentaine au total — défilent derrière une banderole « Rotographie : l’imprimerie au service du mouvement ouvrier ».
Cette volonté d’ouverture au monde militant n’a pas pris une ride. Aujourd’hui, Rotographie imprime l’intégralité du matériel du NPA, certes, mais aussi d’autres organisations politiques d’extrême gauche, ainsi que celui de sections syndicales, de collectifs féministes, écologistes, antifascistes ou de solidarité internationale et même de clubs de foot militants.
Près de 50 ans après sa fondation, Rotographie continue d’être l’imprimerie de tous les combats… tant qu’il le faudra ! C’est que nous souhaitons continuer à faire vivre en achetant le bâtiment de Montreuil. Faites un don !
Les camarades de l’imprimerie
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