Publié le Samedi 28 juin 2025 à 15h00.

Luxembourg, échanges avec déi Lénk sur le féminisme

Alors que le Luxembourg se prépare pour une mobilisation générale le 28 juin prochain contre le projet de réforme des retraites imposé par son gouvernement, déi Lénk m’a invitée pour une réunion publique sur l’actualité du féminisme et une formation en interne intitulée « Le féminisme : histoire, théories, stratégies ». Je suis revenue sur la situation polarisée dans laquelle nous nous trouvons actuellement, entre l’anniversaire des dix ans du début de Ni Una Menos et du renouveau des mobilisations féministes partout dans le monde, et la menace résistible mais non moins inquiétante que constitue l’internationale d’extrême droite. Les deux événements ont été des succès et ont permis de mener de riches discussions sur les liens entre mouvement ouvrier et mouvement féministe, la nécessité de donner à voir positivement notre projet de société, ou encore sur la place des émotions dans l’engagement militant.

Ce fut l’occasion d’échanger plus longuement sur la situation du féminisme au Luxembourg, qui a connu d’importantes mobilisations féministes dans le cadre de la quatrième vague. Le 8 mars 2020 a été tout particulièrement historique, marquant un succès dans la construction de la grève des femmes et des minorités de genre. Le secteur du nettoyage était particulièrement présent dans la rue, ce qui a permis que le travail reproductif dans son ensemble, si souvent invisibilisé, naturalisé, dévalorisé, prenne une place centrale. Des liens militants durables se sont aussi tissés, permettant des victoires : par la suite, une grève dans une maison de soin a obtenu une convention collective favorable. Cette année, comme en France, le 8 mars a été également particulièrement réussi, avec une mobilisation construite autour de la solidarité internationale et de la lutte contre l’extrême droite, contre Trump et contre les attaques anti-féministes et anti-LGBTI. Tout l’enjeu est à présent de mobiliser spécifiquement les femmes et les minorités de genre contre la réforme des retraites en cours, dont elles sont particulièrement les cibles.

Enfin, ce fut également l’occasion d’échanger sur nos organisations respectives. déi Lénk est d’une certaine manière plus jeune que le NPA, qui s’inscrit dans l’héritage de la LCR : créée en 1999, elle est née d’une fusion entre une partie du Parti communiste, une partie du LSAP (le Parti socialiste) et des organisations d’inspiration trotskiste. Elle allie une dimension parlementaire — elle a deux députéEs — et contestataire — elle est par exemple mobilisée dans la lutte actuelle, et mène une campagne pour exiger la constitutionnalisation du droit à l’IVG.

Philippe Poutou participera à l’université d’été de déi Lénk en juillet, et en retour, une délégation de militantEs participera à la nôtre : les débats continuent !

Aurore Koechlin