Publié le Mardi 3 février 2009 à 13h07.

Avenir du NPA : succès, puis effondrement, selon le politologue Raynaud

PARIS, 3 fév 2009 (AFP) - Philippe Raynaud, professeur de Sciences politiques à l'université de Paris-II Panthéon-Assas, juge que le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) aura "de beaux jours pendant deux ou trois ans", mais est menacé de "s'effondrer avant la présidentielle" de 2012.

Q : Le NPA est-il une LCR "bis" ?

R : "Depuis les années 80-90 et le déclin du communisme, donc de l'idée révolutionnaire, la LCR qui est plus moderne que les deux autres partis trotskistes français (LO, POI), a un problème d'identité. Une partie minoritaire des militants considèrent que le logiciel bolchévique est périmé et sont prêts à se fondre dans un mouvement altermondialiste assez large. Le courant majoritaire, dont Olivier Besancenot, veut maintenir un trotskisme classique en élargissant ses bases. D'un point de vue interne, le moyen de garder l'ambiguïté, c'est de créer un Nouveau parti anticapitaliste. Le NPA, ce n'est plus officiellement un parti trotskiste. Il s'agit d'occuper une place qui serait culturellement celle des "gauchistes d'autrefois" et politiquement celle du Parti communiste français, mais sans vouloir gouverner".

Q : Le NPA bénéficie-t-il de la crise économique ?

R : "C'est leur pari. Tout le monde a un discours sur le thème +il faut sauver le capitalisme contre les dérives récentes+. Le NPA va être le seul à dire que c'est du capitalisme que nous vient tout le mal. Ils essaient de combler ce vide politique. Je n'y crois pas, parce qu'en France, la sensibilité antilibérale est très forte mais la sensibilité anticapitaliste moins. La LCR, c'est un anticapitalisme radical: ils pensent que la propriété privée doit à peu près disparaître".

Q : Quel avenir pour le NPA ?

R : "Le déclin radical du PCF, le recentrage des Verts et le manque de dynamisme du Parti socialiste lui ouvrent un boulevard. Dans un premier temps, le NPA aura un assez joli succès, notamment aux élections européennes où il fera cavalier seul sous prétexte qu'ils sont une organisation unitaire et large. D'ici deux ans, je parie qu'au lieu des 9.000 militants actuels, ils ne seront plus que 5.000, à cause de la difficulté à faire cohabiter des militants issus d'un parti très structuré et fondamentalement fermé comme la LCR avec des gens beaucoup moins structurés, sans expérience militante, qui vont se décourager. Ceux qui entrent au NPA en 2009 ne trouveront peut-être pas aussi séduisant qu'aujourd'hui de s'opposer à une alliance avec le PS (pour battre Nicolas Sarkozy) en 2012. Le NPA a de beaux jours pendant deux ou trois ans, mais cela va s'effondrer avant la présidentielle".

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