Publié le Dimanche 8 février 2009 à 12h31.

"Européennes: Le NPA reste ferme" (Journal du Dimanche)

Lors de son congrès fondateur, samedi, le Nouveau Parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot a évoqué la question d'une alliance avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le PCF de Marie-George Buffet en vue des élections européennes. Le facteur de Neuilly est resté sur sa position et ne veut pas entendre parler d'un "front de gauche" au nom de son indépendance vis-à-vis du PS.

Olivier Besancenot joue la carte de la fermeté, à défaut de celle de la solidarité. Deux jours après l'autodissolution de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a officiellement vu le jour, et a confirmé son nom, alors que cinq autres étaient proposés aux 700 délégués présents lors de ce congrès fondateur. Voilà pour la forme. Dans le fond, en revanche, pas de changement à l'horizon. Alors que Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG), ainsi que le Parti communiste de Marie-George Buffet, ne cessent de l'inviter à les rejoindre dans un "front de gauche" en vue des prochaines élections européennes, le facteur de Neuilly a rappelé qu'il "n'était pas d'accord" pour "un bon coup électoral."

La porte n'est pas fermée, mais presque. Si Olivier Besancenot a affirmé être ouvert à la discussion, ses conditions pour rejoindre le "front de gauche" ne sont pas négociables. Et elles auront du mal à passer, notamment chez les communistes. Depuis qu'il a claqué la porte du PS, Jean-Luc Mélenchon rêve d'un rassemblement de la gauche de la gauche. C'est donc tout naturellement qu'il s'est rapproché des formations d'extrêmes gauche. "Camarades, nous vous tendons la main sans conditions, sans préalable, ne la rejetez pas!", avait-t-il lancé à destination des militants de feu la LCR, au début du mois de février, devant 600 délégués du PG à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). Le PCF, lui, n'a pas eu besoin de se faire supplier pour accepter ces accords électoraux pour les européennes.

Le PCF pose problème

Sur Europe 1, samedi, Marie-George Buffet a confié avoir adressé une lettre à tous les délégués du NPA pour les inviter à construire des listes communes car "l'heure est à l'union, pas à rester chacun chez soi." C'est pourtant ce que devrait faire le NPA. Si Jean-Luc Mélenchon ne cesse de rappeler le résultat d'un sondage Ifop qui placerait son "front de gauche" à 14,5% des voix -avec le NPA-, Olivier Besancenot ne souhaite pas faire de son nouveau parti "une boutique électoraliste". "S'il s'agit de faire un bon coup électoral aux européennes pour que quelques mois après certains retournent dans le giron du Parti socialiste aux élections régionales, on aura finalement créé de l'espoir pour le décevoir après, et je crois qu'il n'y a pas pire qu'un espoir déçu," a-t-il dit sur TF1. "Nous, on propose la constitution d'un front anti-capitaliste durable -avant pendant et après les élections." C'est là le noeud du problème.

Jean-Luc Mélenchon a pourtant tenté de rassurer son jeune "camarade" en évoquant une alliance pérenne et une indépendance totale vis-à-vis du PS. Mais c'est du côté du PCF que risque de venir la contestation. Affaiblis depuis de nombreuses années, les communistes ne survivent électoralement que grâce aux accords passés avec le parti de la rue de Solferino, en particulier lors des élections régionales. S'éloigner du PS est donc un risque, ce que confirme Alain Krivine, figure du mouvement anticapitaliste: "Les régionales, c'est le sujet qui fâche, il sera sans doute difficile de parvenir à un accord", a-t-il ainsi affirmé, vite rejoint par Olivier Besancenot. A moins d'un improbable retournement de situation, le NPA devrait donc présenter ses propres candidats aux élections européennes.

Par Benjamin Bonneau.