Les enseignant·E·s dans la rue pour leurs salaires le 27 janvier
Déjà massivement mobiliséEs contre Blanquer le 13 janvier dernier (et localement en grèves reconductibles), les profEs sont aussi en grève et dans la rue le 27 janvier aux côtés des autres salariéEs du public et du privé, avec pour revendication majeure l’augmentation des salaires et pensions.
L’annonce récente d’Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, de prolonger le gel du point d’indice jusqu’à 2022 au moins, arrive après une période de 11 ans de gel continu (à l’exception de deux hausses négligeables de 0,6 % en 2016 et 2017).
Contre les rengaines ultralibérales
Interrogée sur la rémunération des enseignantEs, la ministre a répondu flexibilité, primes, et heures supplémentaires comme tous les clones ultralibéraux qui se sont succédé à son poste (ou son équivalent) depuis des décennies. Son opération de communication est relayée, y compris sur des chaînes de service public, par des médias complaisants prompts à jouer la rengaine ultralibérale selon laquelle il faudrait mettre les profEs « au boulot ». Pourtant le soutien à la journée de grève du 27 janvier par la FCPE au niveau national, et le soutien au quotidien de beaucoup de parents dans les écoles, collèges et lycées, laissent penser que cette petite musique ne passe plus.
Dans ce contexte, la journée du 27 est non seulement l’occasion d’exiger de meilleurs salaires pour les profEs, mais aussi de revendiquer des recrutements massifs et pérennes à la hauteur des besoins criants de l’éducation nationale (que le covid a révélés aux yeux de touTEs), et la fin des contrats précaires et honteusement sous-rémunérés pour les AESH (accompagnantEs d’enfants en situation de handicap), les personnels médico-sociaux et les AED (assistantEs d’éducation).
Cette journée doit être, partout où c’est possible, prolongée par des grèves reconductibles, actions collectives, assemblées générales, dans lesquelles les personnels de l’éducation nationale pourront exprimer leurs revendications et construire le rapport de forces nécessaire pour faire plier le gouvernement.
Correspondant
La Poste : jamais mieux servi que par soi-même
La Poste s’apprête à verser entre 600 et 700 millions d’euros à ses actionnaires (Caisse des dépôts et État) au titre des bénéfices 2021. Cela représente pas moins de 3 000 euros par postierE : de quoi accorder à chacun un 13e mois, et même un 14e, qui manquent tant sur la paye !
Depuis plusieurs années déjà, le groupe La Poste voit son chiffre d’affaires et ses bénéfices augmenter, ces derniers devraient encore dépasser le milliard pour 2021. La baisse du courrier, rabâchée à chaque réorganisation et suppression d’emplois, fait place à l’explosion des colis et aux multiples nouvelles activités du groupe.
Les tarifs augmentent, pas les salaires
Pourtant, il a fallu la pression des syndicats, et surtout d’un gouvernement qui craint que la question des salaires ne lui revienne à la figure à la veille des élections présidentielles, pour que La Poste daigne revaloriser les premiers échelons des grilles salariales, afin de les ramener au niveau du SMIC (pourtant supposé être le minimum légal !). Environ 15 000 agentEs vont ainsi gagner jusqu’à… 13,60 euros de plus par mois.
La Poste augmente chaque année ses tarifs largement au-dessus de l’inflation (+ 14,6 % pour le timbre rouge et + 7,4 % pour le vert au 1er janvier 2022), mais rien pour les salaires : celui des fonctionnaires reste gelé depuis dix ans, et celui des contractuelEs augmente de quelques euros par an, sous le niveau de l’inflation officielle. Qui plus est, la plupart des primes ont été mises à zéro en 2021 au prétexte du covid, alors que les postierEs n’ont pas cessé de travailler durant les confinements, et ont même dû exiger eux-mêmes les mesures minimales de protection. Voilà la « récompense » des travailleurEs de la deuxième ligne !
Entre le sous-effectif permanent, la charge de travail qui ne cesse d’augmenter et le salaire qui reste au plancher, les postierEs ont bien des raisons d’être en colère et présents dans la rue le 27 janvier.
Correspondant
Dans les transports, l’usine à gaz des rémunérations
Au-delà des statuts d’entreprise (RATP, urbain, interurbain) qui différencient les conditions de rémunération et des accords locaux qui créent des centaines de primes, l’individualisation du salaire est la règle dans le transport.
En effet, les primes diverses sont attachées aux services effectués par chaque conducteur. Ainsi, même dans le cas où des roulements garantissent une répartition à peu près égale des services, se retrouver dans la jungle des « éléments variables de rémunération » est une gageure.
Un salaire de base beaucoup trop… bas
Par exemple, dans l’interurbain, les coupures ne sont pas rémunérées de la même façon selon l’endroit où elles sont prises : si c’est au dépôt, le patron ne paie rien, dans un autre dépôt que celui du conducteur, c’est payé à 25 % du taux horaire et au terminus, c’est 50 %. Dans l’urbain, en revanche, c’est plus simple dans un certain sens, au-delà de 30 minutes de pause, le patron ne paye plus rien !
Le salaire de base étant bien trop bas (1 500 euros net à l’embauche dans l’urbain, et c’est moins dans l’interurbain surtout si on considère les temps partiels imposés calés sur le calendrier scolaire), le sous-effectif sévit dans le secteur. Et les solutions individuelles pour gonfler un peu la fiche de paie sont légion, en courant après les services les plus pénibles au détriment de la vie personnelle et de la santé. Pour mettre un coup de frein à cette logique, il faudrait notamment intégrer toutes les primes au taux horaire et rémunérer intégralement tous les temps de coupure imposés par les services.
Correspondants
Santé : passer de la colère à l’action !
lI y eu les applaudissements, et puis l’obligation vaccinale les stigmatisant. Des hospitalierEs épuiséEs démissionnent à cause de la perte de sens de leur métier soumis aux impératifs économiques de ce gouvernement.
En 2021, plus de 1 300 étudiantEs en soins infirmiers ont abandonné leurs études, quand à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, il en manque 1 400, sans compter tous les autres métiers en souffrance. En quatre ans, plus de 5 000 lits ont été fermés faute de personnel, des services d’urgences ferment, des lits de réanimation manquent, et le tri des malades devient la règle. Pour 2022, la loi de financement de la santé est encore amputée des moyens indispensables à assurer l’accès au soin de toutes et tous, partout en France.
Contre la « mort programmée de l’hôpital public »
Cependant, depuis quelques semaines, une vague se lève. Partie de l’Est de la France, elle s’étend jusqu’aux rives de la Méditerranée, en passant par l’Île-de-France, vers l’Occitanie, la Bretagne, la Normandie… Les hospitalierEs se réunissent, tous les vendredis à 14 h, pour une minute de silence contre la « mort programmée de l’hôpital public ». Collectifs et syndicats y participent.
Par ailleurs des luttes catégorielles s’enchaînent, en ordre dispersé. Ambulanciers, sages-femmes, personnel des urgences, de réanimation, infirmiers anesthésistes, de bloc, la psychiatrie… ChacunE cherchant une reconnaissance professionnelle qui ne fut pas l’objet du Ségur. Celui-ci a plutôt contribué à diviser, voire opposer entre eux les métiers qui fondent l’hôpital public. Une augmentation de rémunération pour certainEs, des primes pour d’autres, et rien pour nombre d’agentEs.
Aujourd’hui, malgré le déplafonnement des heures supplémentaires rémunérées à 100 % pour les infirmières seules, le minimum vital n’est plus assuré. Ultime insulte faite à celles qui tiennent encore avec des salaires à 2 000 euros, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France propose aux intérimaires des contrats à 3 000 euros mensuels doublés d’une prime de 4 000 euros pour six mois ou 7 000 euros pour 9 mois.
À ce jour, l’urgence absolue est à la mobilisation, dans l’unité la plus large, comme en décembre ou début janvier. Rejoindre la grève interprofessionnelle du 27 janvier, pour faire entendre les urgences sociales, sanitaires, éducatives, salariales !
CorrespondantEs
Ville de Paris : le compte n’y est pas !
À la Ville de Paris, les grilles de salaires ont à nouveau évolué le 1er janvier, pour qu’il n’y ait pas de salaire sous le SMIC… Le compte n’est pas !
La question des salaires dans la fonction publique reste l’un des problèmes majeurs en termes de reconnaissance. Le décalage entre être en première ligne depuis le début de la crise du Covid-19 et le manque de reconnaissance des collègues donne un sentiment d’invisibilisation de nos métiers.
Structurer la colère
Ce sentiment s’exprime dans les mobilisations et revendications dans des secteurs comme la petite enfance, l’animation et le travail social. Et l’augmentation du temps de travail dans la fonction publique territoriale (conséquence de la loi Fonction publique) vient enfoncer le clou : le ras-le-bol est important, comme chez les enseignantEs.
En décembre dernier, la mobilisation des agentEs de la Ville de Paris sur la question du temps de travail a été bien suivie, tout comme les mobilisations dans le secteur de l’animation. Le problème réside surtout dans la capacité à structurer cette colère et ces journées de mobilisation en un mouvement.
La journée du 27 janvier sur les salaires, et l’assemblée intersyndicale du 28 pour continuer à agir sur la question du temps de travail doivent être des points d’appui.
Correspondant
Sur le vif, dans un des milliers de chantiers de la SNCF
Sur la ligne C du RER en région parisienne, la colère était là le 10 janvier, avec plus de 50 % de grévistes parmi les conducteurs de la ligne C, à l’occasion d’une troisième journée de grève depuis décembre.
Devant des roulements dégradés et des salaires trop faibles et qui n’augmentent pas, la colère tourne à la rage. Un peu secouée par la grève, la direction a accepté d’ouvrir des négociations et d’organiser des « groupes de travail ». Maître mot ! Jargon de technocrate ! Lesdits « groupes de travail » auraient pour mission de bricoler de nouveaux roulements (horaires) à coût zéro (pour la direction)… et gain zéro (pour les cheminotEs) ! En prétendant améliorer certains horaires en en dégradant d’autres. On n’a pas fait grève pour des groupes de travail. La lutte continue pour que la direction sorte le chéquier et on remet ça le 27 janvier pour nos salaires !
PrivilégiéEs, les cheminotEs ?
Des préjugés veulent que les cheminotEs seraient des salariéEs privilégiés, super bien payés ! Si on prend le salaire du PDG, Jean-Pierre Farandou, c’est incontestable : grosso modo 37 500 euros par mois, sans compter probablement pas mal d’à-côtés. Ce qui fait bien sûr augmenter la moyenne ! Mais si l’on prend le salaire d’embauche des plus petites catégories (nombreuses aussi bien au commercial que sur des chantiers), on est à moins que le SMIC. Possible ? Légal ? La direction régularise en attribuant une petite prime et le tour est joué, mais bonjour les fins de mois. Et utile à savoir : le gros du salaire de toutE cheminotE est fait d’une ribambelle de primes, qui vont et viennent, amputées dès qu’on est en maladie ou garde d’enfants, dont des primes dites de « kilomètres » (pour les conducteurEs, les contrôleurEs et d’autres) qui font que le « total en bas à droite de la feuille de paie » est des plus aléatoires. TouTEs les cheminotEs, loin de là, ne gagnent pas 2 000 euros par mois.
Correspondante gare d’Austerlitz