Avec 40 jours de grève contre la suppression de 700 emplois sur la raffinerie Total Grandpuits/Gargenville, c’est un véritable bras de fer que nous avons engagé contre le géant du CAC 40.
Comme depuis le début, la position de notre syndicat est claire : nous refusons d’accepter les suppressions d’emplois, d’autant plus que Total vient d’annoncer le versement de 4 milliards de dividendes aux actionnaires. Mais nous sommes face à une direction jusqu’au-boutiste et hypocrite qui refuse d’entendre les revendications des grévistes et qui. sous le prétexte de « transition écologique », est déterminée à supprimer 700 emplois à Grandpuits. menaçant d’un véritable massacre social sur le bassin d’emploi de la Seine-et-Marne.
Auto-organisation
Comme nous l’avons défendu depuis le début à la CGT, la grève à Grandpuits appartient aux grévistes, syndiqués et non-syndiqués. Notre grève a été forte parce que ce sont les grévistes qui ont décidé de chaque reconduction, de chaque action, avec une détermination remarquable. Ce sont les grévistes qui donnaient mandat aux organisations syndicales sur les pas à suivre. Une assemblée générale souveraine, un comité de grève avec des délégués de ligne élus et révocables, ont ainsi porté le combat et assumé cette bataille face à Total.
Ce jeudi 11 février a eu lieu une assemblée générale d’une énorme importance puisque nous sommes arrivés à la fin de la procédure du PSE. Malgré les avertissements et les exigences de notre organisation syndicale et des grévistes, la direction refuse globalement de répondre à nos revendications sur l’emploi. Au dernier CSE local, la direction a déclaré sous procès-verbal qu’elle allait rajouter 13 postes pérennes à l’organigramme, sans pour autant clarifier si cela correspond à des postes en CDI ni dans quel service précisément. Ce refus de répondre à nos revendications sur l’emploi est pour nous inacceptable, alors même que l’organisation du travail proposée dans le cadre de la reconversion de l’usine comporte des manquements importants en termes de postes. Ceux-ci pourraient engendrer non seulement des risques psychosociaux considérables pour les travailleurs de la future usine, mais aussi des risques en termes de sécurité pour les salariés, l’environnement et les populations aux alentours du site.
Chantage de la direction
Dans le même temps, la direction a fait un véritable chantage menaçant de revoir à la baisse les mesures sociales d’accompagnement (MSA) qui ont été arrachées après 40 jours de grève et des négociations si le PSE n’était pas validé dans son ensemble. Elle a même refusé de signer un accord partiel qui aurait permis de valider les MSA obtenues, loin d’être conséquentes au regard des moyens du groupe, tout en laissant ouverte la bataille sur l’emploi. De cette manière, la direction cherche à diviser les salariés, pour forcer l’acceptation du PSE malgré les revendications d’une majorité de salariés du site sur l’emploi. Ce chantage est inadmissible.
Contrairement à la CFDT et Force ouvrière, qui ont déclaré qu’elles étaient favorables à la signature des MSA et à l’arrêt du mouvement, pour la CGT Total Grandpuits-Gargenville la lutte pour l’emploi doit continuer.
Signer les MSA dans ce contexte revient à valider l’ensemble du PSE. C’est pour nous inacceptable au vu des dangers évoqués plus haut. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à convaincre la majorité des grévistes de cette stratégie et l’assemblée générale des grévistes vient de voter la signature des MSA.
Le rapport de forces continue
Or, si les grévistes ont pris cette position, ce n’est pas par gaité de cœur et la majorité d’entre eux reste opposée à la future organisation et veut continuer la lutte pour l’emploi. Pour ce qui est de la CGT Total Grandpuits-Gargenville. nous ne lâcherons rien et nous commençons dès aujourd’hui à discuter des prochaines étapes. Dans l’immédiat, l’inspection du travail et la Dirrecte ont la responsabilité de valider ou non l’accord, alors qu’ils sont au courant de tous les manquements à la sécurité et des risques psychosociaux que cette nouvelle organisation va engendrer.
Néanmoins, nous sommes conscients que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces et celles de nos nombreux soutiens pour faire reculer Total et arracher des emplois. Sur la continuité de la grève reconductible, le vote a été très serré pour la suspension de la grève, à deux voix près. Une nouvelle assemblée générale a eu lieu lundi 15 février afin de décider des suites du mouvement. Les raffineurs de Grandpuits vont se mobiliser ce jeudi 18 février à 14 h à Melun devant la Dirrecte, qui a aujourd’hui dans ses mains la responsabilité de valider ou non le PSE proposé par Total.
Nous continuerons donc à essayer de construire la grève et des actions de rue car le seul langage que Total comprend est celui du rapport de forces.