En France, les femmes qui décident d’avorter et qui ont dépassé le délai de 12 semaines sont orientées par les hôpitaux et les cliniques vers le Planning familial pour recevoir les informations nécessaires en vue d’un avortement à l’étranger.
Ce faisant l’État et ses institutions font preuve d’hypocrisie et de sexisme et punissent les femmes en délocalisant l’avortement.
Trouver l’argent pour aller à l’étranger
Les femmes qui vivent dans le nord de la France se rendent aux Pays-Bas dans des cliniques qui effectuent des avortements jusqu’à 22 semaines. Celles du sud partent en Espagne où les femmes ont conservé leurs droits grâce aux grandes manifestations de 2014. Celles qui ont de l’argent peuvent payer un billet de train et une nuit d’hôtel, les autres doivent voyager en bus la nuit, en dépensant quand même plus de 800 euros. Elles doivent trouver auprès de parentEs ou d’amiEs, éventuellement de l’assistance sociale, l’argent nécessaire ; dans les pires cas, elles se prostituent. Dans les pays où l’IVG est simplement interdite, c’est dans tous les cas que les femmes doivent rassembler les fonds pour aller dans les pays voisins ou pour payer les cliniques clandestines, sans parler du risque pour leur santé et de la peur d’être dénoncées.
Avant ou après 12 semaines, on avorte pour les mêmes raisons
Des témoignages recueillis par le Planning familial nous renseignent sur les situations des femmes qui souhaitent avorter au-delà de la période légale. Dans de nombreux cas, le conjoint exerce de la violence contre la femme, et c’est la grossesse qui a déclenché les agressions. Il y a aussi des grossesses souhaitées mais contrariées par des difficultés économiques, le chômage, un changement de partenaire, etc. Les erreurs de diagnostic médical, et aussi les fausses règles, sont fréquentes : la femme ne s’est pas rendu compte de sa grossesse « dans le délai légal ». Il n’y pas de différence de motivation entre une femme qui souhaite interrompre la grossesse avant ou après les 12 semaines. Ces dernières ne sont ni plus sottes ni plus irresponsables.
Même les IMG sont difficiles à obtenir après 12 semaines
Même dans les cas considérés comme graves par la loi française comme le viol, ou la malformation du fœtus, les conseils des médecins des hôpitaux nient le droit à l’IMG, l’interruption médicale de la grossesse. On a connu le cas d’un fœtus sans bras, pour lequel le conseil médical a décidé que le fœtus était viable et qu’il serait simplement « appareillé ». La femme a dû partir en Hollande pour pouvoir avorter : un exemple qui montre à quel point la médecine continue à être patriarcale, que ce sont des hommes qui ont encore le pouvoir de décision sur le ventre des femmes. En ce qui concerne les viols, même de très jeunes filles, la victime doit passer par le processus de plainte judiciaire avant de pouvoir obtenir le droit à l’IMG.