Le 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Chaque année, nous manifestons pour faire entendre notre droit le plus fondamental : celui du respect de notre intégrité physique, sexuelle et psychique.
On ne le dira jamais assez, mais toutes les femmes sont concernées par les violences sexistes, à tous les âges, dans tous les lieux, dans tous les milieux et à tout moment. Dès leur petite enfance, dans leur famille, à l’adolescence, à l’école ou à l’université, dans les transports en commun, dans leur couple, en boîte de nuit, chez le gynéco, dans la rue, au travail, sur les réseaux sociaux, lorsqu’elles vieillissent... Et il n’y a pas de formule magique, ou de mode d’emploi pour s’en protéger individuellement.
Violence(s) multiforme(s)
La violence qui s’abat contre nous peut avoir différentes formes. Elle peut être verbale, physique ou sexuelle. Cela va de l’injure dans la rue, une main aux fesses dans le métro, une demande sexuelle en échange d’une promotion ou d’un logement jusqu’au viol, aux coups, aux menaces de mort et parfois, comme pour plus de 100 femmes en France cette année, au féminicide. À cela s’ajoute pour les femmes racisées, les femmes transgenres, les femmes en situation de handicap ou en grande précarité, pour les femmes lesbiennes et bisexuelles les violences racistes, transphobes, homophobes, handiphobes et de classe.
Les violences faites aux femmes bénéficient d’un traitement spécifique et tout à fait exceptionnel consistant en une inversion des rôles, permanente et insupportable, rendant la victime coupable de son agression, conduisant à une minimisation dramatique des violences subies par les femmes et à leur justification dans tous les espaces publics comme privés. À cet égard, le traitement social du viol est l’exemple ahurissant d’une société prête à tout pour justifier l’injustifiable. On n’accepterait jamais, pour tout autre crime, un traitement similaire à celui du viol. Accepterait-on qu’on demande à une personne s’étant fait cambrioler de savoir si « elle ne l’avait pas quand même un peu cherché » ? Dirait-on à une personne qui s’est fait voler son téléphone que celui-ci « était un peu provocant » ou bien qu’elle « n’avait qu’à pas le sortir dans la rue » ? C’est pourtant ce qu’il se passe systématiquement lorsqu’une femme déclare avoir été victime de viol. Et comme les victimes ne sont jamais reconnues victimes et les coupables jamais reconnus coupables, dans les faits, le viol n’est jamais reconnu tout court. Et on se permet encore d’avoir des débats publics, complètement normalisés, pour savoir si oui ou merde une gamine de 11 ans peut consentir à des rapports sexuels. Eh bien nous le disons une bonne fois pour toutes : merde.
Ensemble on nous opprime, ensemble révoltons-nous !
Il y a un moment où il va falloir entendre ce que les féministes de tous les pays disent depuis des années : les violences sexistes et sexuelles ont des conséquences terribles sur tous les aspects de nos vies. Et ces violences sont ancrées, permises et autorisées dans un système de domination et d’exploitation patriarcal meurtrier. La situation est urgente partout : dans le monde, une femme sur trois subira des violences. Environ 650 millions de femmes ont été mariées alors qu’elles étaient enfants, 200 millions de femmes et de filles ont subi une mutilation génitale, la majorité avant l’âge de cinq ans. Les femmes et les filles représentent 71 % des victimes du trafic d’êtres humains. En France chaque année 220 000 femmes subissent des violences conjugales et 93 000 sont victimes de viol ou de tentative de viol, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.
Il n’y a qu’une perspective : la mobilisation dans la rue, la solidarité entre femmes, la lutte collective internationale. Femmes racisées, femmes transgenres, femmes migrantes, femmes précaires, femmes isolées, jeunes ou vieilles, travailleuses ou au chômage : ensemble on nous opprime, ensemble révoltons-nous !