Publié le Vendredi 28 octobre 2022 à 12h00.

Congrès du Parti communiste chinois: restent les problèmes, notamment économiques

Xi Jinping réélu, restent les problèmes auxquels son régime va être confronté.

Deux chiffres illustrent le chemin parcouru par la Chine :

• La Chine et les États-Unis trustent plus de la moitié des milliardaires dans le monde. En 2021, ils étaient 1058 pour la Chine (32,8 % du total mondial) et 696 pour les États-Unis (21,6 %) (Hurun Global Rich List 2021).

• Il en va de même concernant les entreprises figurant dans le classement « Fortune Global 500 » (2020). En tête, la Chine avec 124 entreprises (24,8 % du total) talonnée par les États-Unis avec 121 entreprises (24,2 %).

Un dynamisme économique qui s’épuise

Mais le dynamisme économique interne de la Chine s’épuise si l’on en croit les données suivantes, pour une part tirées d’un article de la journaliste Helen Davidson (le Guardian du 20 octobre) :

• Chute de la croissance du produit intérieur brut. Après avoir doublé de 2012 à 2021, la croissance ralentit fortement au point que, pour la première fois en trente ans, elle a été inférieure à celle de la région Asie-Pacifique.

• Les inégalités sociales. Durant la même période, selon les chiffres de la Banque mondiale, le revenu national brut par habitant a lui aussi doublé pour atteindre 11 890 dollars en 2021. L’an dernier, le PCC a déclaré avoir éradiqué la pauvreté absolue dans le pays. Néanmoins, les inégalités de revenus restent élevées et l’épidémie de Covid a eu de nombreuses implications pour les travailleurEs chinois, en particulier celles et ceux qui migrent vers les villes loin de leur village d’origine. Le niveau des protection sociale étant très faible, les ménages sont conduits à épargner au maximum. Le taux de chômage structurel dépasse les 5 % depuis 2019. Selon le Bureau national des Statistiques, il a atteint en 2019 le niveau record de 19,9 % concernant la tranche d’âge des 16-24 ans.

• La crise du marché immobilier. Le secteur immobilier a capté une grande partie des investissements. Selon l’économiste Mary-Françoise Renard (The Conversation, 18 octobre), au sens strict, il représente 14 % du PIB, mais 30 % si l’on inclut les secteurs concernés en amont (le ciment ou l’acier par exemple) et en aval (la décoration, l’ameublement). L’interdépendance est très forte entre ces secteurs, ce qui les fragilise en cas de difficultés. C’est précisément ce qui arrive aujourd’hui. L’urbanisation et la nécessité d’être propriétaire pour pouvoir se marier ont stimulé la demande, mais encouragé aussi la spéculation et la surproduction. La crise immobilière a des conséquences sociales profondes : nombre de personnes ont placé leurs économies dans l’achat d’appartements qui ne seront peut-être jamais construits ou dans des villes nouvelles qui resteront fantomatiques. Elle se répercute sur le secteur financier tout entier et une crise de la dette menace. Le gouvernement national ou les gouvernements locaux interviennent parfois massivement pour éviter la faillite des promoteurs, mais cela ne règle rien au fond.

• La crise démographique. Elle se dessine en Chine, comme dans une grande partie de l’Asie orientale. Malgré tous ses efforts, le pouvoir n’a pas réussi à inverser la tendance à la baisse des taux de natalité ; en 2021, il est tombé à son niveau le plus bas depuis 61 ans, les jeunes dénonçant le coût élevé de la vie, l’inégalité des rôles entre les sexes, la stagnation des perspectives de carrière et le manque de services d’aide à la maternité. De moins en moins de personnes se marient chaque année.